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Défense

Menace russe, terrorisme... Ce qu'il faut retenir de la prise de parole du chef de l'état-major des armées

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Le chef d'état-major des armées a tenu une rare conférence de presse ce vendredi 11 juillet afin de dresser un panorama des menaces qui pèsent sur la France, en ciblant particulièrement le Kremlin, qui fait de la France sa "cible prioritaire".

Une rare et longue prise de parole. Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées françaises, a mené une conférence de presse ce vendredi 11 juillet dans laquelle il a tenu à faire un "tour d'horizon des menaces" actuelles et des "conclusions en matière d'efforts de défense et de financement associés".

Menaces russes, risques terroristes, guerre informationnelle... De nombreux points ont été évoqués par le chef d'état-major des armées, dans ce discours qui se voulait "structurant pour l'avenir de nos armées" et a particulièrement ciblé la Russie.

Pourquoi le chef d’état-major des armées affirme-t-il que la France est l’une des "cibles prioritaires" de la Russie?
Pourquoi le chef d’état-major des armées affirme-t-il que la France est l’une des "cibles prioritaires" de la Russie?
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• La Russie, une "menace durable"

"La Russie est partie prenante de toutes les menaces", a lancé le chef d'état-major des armées ce vendredi. Selon lui, "le Kremlin a fait de la France une de ses cibles prioritaires".

Thierry Burkhard évoque une "menace durable, proche et qui est la plus dimensionnante". Et si la Russie "ne cible pas que la France", elle fait de l'Hexagone l'une de ses priorités en raison de sa "détermination dans le soutien à l'Ukraine", explique le général.

"La Russie a considéré que la France, avec le Royaume-Uni, est le pays le plus volontaire et qu'il était utile de décrire la France comme son ennemi principal en Europe."

Une menace à prendre au sérieux à l'échelle de l'Europe. "La Russie, c'est un modèle d'armée complet, jusqu'au bout des ongles, je ne vois pas de capacités qui manquent", a-t-il déclaré. Car les Russes "avancent masqués" et se retrouvent partout, grâce à des moyens satellites, cyber ou encore des sous-marins. "Affaiblir l'Europe et démanteler l'Otan, c'est l'objectif de Vladimir Poutine", martèle Thierry Burkhard.

• Une guerre informationnelle menée par le Kremlin

Toujours concernant la menace russe, le général Burkhard a évoqué la guerre informationnelle menée par le Kremlin, qui cible directement "notre cohésion nationale".

La cohésion nationale "fait notre force mais peut être source de faiblesse", affirme chef d'état-major des armées. Pour lui, elle peut ainsi "dissuader" mais peut aussi "inhiber notre capacité de réaction et notre volonté de se défendre".

"Personne n'est dupe quand à Bangui (capitale de la République centrafricaine NDLR), on brûle un drapeau français et on sort un drapeau russe, il n'y a pas de hasard", prend-il pour exemple, tout comme "les Moldaves arrêtés dans l'affaire des étoiles de David".

La France est considérée comme particulièrement investie dans ce domaine de la lutte contre la guerre informationnelle: "ils ont identifié que si la France a des difficultés dans ce domaine-là, il y aura un effet domino".

De plus, le chef d'état-major des armées conçoit qu'il s'agit là d'une menace "difficile à contrer et à attribuer formellement".

• "La menace terroriste reste présente"

Thierry Burkhard a signalé que "la menace terroriste reste présente" sur le territoire national et est encore largement surveillée.

Le chef d'état-major des armées indique également que les forces de sécurité intérieure et les services de renseignement sont plus "capables de déjouer les attaques prévues plutôt que de devoir les traiter et en gérer les conséquences".

"Il y a une vraie menace, et elle est traitée.", a-t-il poursuivi, en évoquant des moyens qui s'adaptent à la menace autant dans le fond que dans la forme.

À cette menace s'ajoute "une criminalité et des trafics qui augmentent en volume et en niveau de violences", qui ont souvent des "connexions importantes avec l'étranger".

• Une sortie de crise "difficile à percevoir" au Moyen-Orient

Concernant les tensions au Proche et au Moyen-Orient, Thierry Burkhard estime que la situation a pris un tournant depuis l'attaque du Hamas contre Israël.

"(On) assiste à une rupture stratégique des équilibres depuis le 7 octobre avec un déchaînement de violences sur mer, sur terre et dans les airs", a-t-il déclaré.

Selon lui, il est "difficile de percevoir des voies de sortie de crise" sur le territoire à ce stade. Il a ainsi évoqué les forces françaises présentes au Moyen-Orient, comme en Irak, mais aussi l'Iran, qui "pratique le terrorisme d'État et détient des otages". Il a enfin souligné l'espionnage, dont les Français sont la cible. "On a été et on est espionnés", clairement déclaré le général.

Salomé Robles et Helen Chachaty, avec Juliette Moreau Alvarez