Les Américains ont gonflé la facture du F-35, les Suisses disent "stop": la majorité de la population s'oppose désormais à l'achat de l'avion de combat

Le dossier est loin d'être clos. Selon un sondage réalisé par Tamedia/20 Minuten, avec l'institut LeeWas, une majorité de Suisses se dit contre l'acquisition de l'avion de combat F-35 produit par le géant américain Lockheed Martin.
Relayé par la presse helvète, dont 24 Heures (groupe Tamedia), le sondage révèle que 27% des personnes interrogées se disent pour l'examen d'un autre type d'avion de combat, tandis que 25% prônent une annulation pure et simple de la procédure d'acquisition. Soit un total de 52% de Suisses qui ne veulent plus de l'aviion américain.
Parmi les autres propositions du sondage, 23% jugent qu'il faudrait acheter moins d'avions pour ne pas dépasser le prix initial de 6 milliards de francs suisses (environ 6,4 milliards d'euros), 18% estiment qu'il faudrait payer les surcoûts via un "message sur l'armée" (une décision du parlement sans votation populaire). Seuls 5% sont pour l'organisation d'une votation populaire sur les surcoûts.
Les avis divergent en fonction de la classe d'âge: 32% des 18-34 ans se disent contre l'achat, tandis que les plus de 65 ans ne sont que 18% à le penser. Au contraire, les plus de 65 ans sont 33% à privilégier une réduction de la flotte, contre 15% des 18-34 ans.
Un casse-tête budgétaire
Le gouvernement suisse va en effet payer ses 36 F-35A plus cher que ce qui était prévu: selon les dernières estimations du Conseil fédéral, l'enveloppe initiale de 6 milliards de francs suisses devrait s'alourdir de 650 millions à 1,3 milliard supplémentaires. La Suisse, qui exigeait de rester au prix fixé, a dû plier face au mastodonte américain et va donc devoir prendre en charge les surcoûts liés à l'inflation.
Lors d'une conférence de presse en août dernier, le ministre fédéral Martin Pfister a listé plusieurs solutions pour réduire les frais: la réduction des commandes, une augmentation des offsets (retombées industrielles pour la Suisse), un financement par un "crédit parlementaire".
Il avait également rappelé que l'objectif est bien de rester "dans les limites" de l'enveloppe budgétaire fixée lors de la décision d'achat – qui avait d'ailleurs fait l'objet d'une votation en 2020 et qui n'avait été approuvée qu'à une très courte majorité par les Suisses.
Un groupe de travail planche actuellement sur les recommandations élaborées en 2017 concernant la protection aérienne du pays, il doit déterminer si les éléments de l'époque sont encore d'actualité ou s'il serait envisageable de réévaluer les objectifs et priorités d'achat. Les conclusions doivent être rendues d'ici la fin du mois de novembre.
En plus de devoir assumer les surcoûts liés à l'inflation pour ce programme d'acquisition, la Suisse est également sous le coup de droits de douane imposés par l'administration Trump, le taux de 39% entré en vigueur depuis le 7 août ayant un impact négatif sur des secteurs majeurs pour l'économie helvète, tels que la raffinerie d'or, l'horlogerie ou le chocolat.