La France acceptera-t-elle de fournir à la Serbie les Rafale qu'elle négocie depuis des années?

La Serbie aura-t-elle bientôt des avions Rafale? C'est toujours l'ambition de son président, Aleksandar Vucic, qui espère convaincre Emmanuel Macron cette semaine lors de sa visite à Belgrade.
"C'est un énorme contrat pour notre pays et ce n'est pas un petit contrat même pour la France", a déclaré le président serbe dans un entretien exclusif à l'AFP, évoquant une transaction qui pourrait s'élever à plusieurs milliards d'euros sans préciser le nombre d'avions concernés.
Les discussions sont entamées depuis plusieurs mois et, officiellement, le dossier n'avance pas. En avril dernier, Aleksandar Vucic affirmait que des "accords concrets" avaient été conclus avec la France. Le président serbe se disait confiant pour une signature durant l'été. L'opération, qui tournerait autour d'une douzaine d'appareils, pourrait rapporter trois milliards d'euros.
Une flotte vieillissante
Un contrat sera-t-il conclu? Le président français doit se rendre à Belgrade jeudi pour une visite de deux jours au cours de laquelle les deux dirigeants doivent signer plusieurs accords bilatéraux. La Serbie a un besoin pressant pour remplacer sa flotte vieillissante issue de Russie, comme l'admet Aleksandar Vucic.
"La plupart de nos appareils aériens, pour ne pas dire la totalité, tous nos avions intercepteurs et l'ensemble de nos avions de combat venaient de Russie et nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste avant de préparer notre armée", a déclaré le président serbe à l'AFP.
Cette douzaine de Rafale vise à remplacer les 14 MIG-29 de la Force aérienne serbe. Belgrade aurait déjà tenté une approche pour acquérir les Mirage 2000 de l'armée grecque, selon le site Enikos.
Ces dernières années, la Serbie a fortement multiplié les achats d'armes auprès des pays européens, mais aussi avec la Chine ou la Russie. Belgrade consacre 2% de son PIB à ses dépenses militaires. De 2012 à 2023, le budget militaire serbe a été multiplié par trois. Entre 2014 et 2023, le pays a dépensé 2,67 milliards d'euros pour acquérir le système antiaérien chinois FK-3, des hélicoptères russes Mi-17 et Mi-35, ainsi que le système russe de défense aérienne Pantsir.
La Russie ne fait plus rêver
La France acceptera-t-elle de fournir des Rafale à cet allié de Moscou? Pour Jasmin Mujanovic, chercheur en sciences politiques, ce serait "inquiétant de vendre une arme extrêmement sophistiquée à l'un des alliés les plus proches de la Russie. Un risque de fuites technolgiques vers la Russie est-il en jeu?
"Pas vraiment, la technologie est verrouillée par Dassault pour éviter ce danger", rappelle le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV.
D'autre part, ce contrat permettrait d'éloigner la Serbie de Moscou que ce soit politiquement ou militairement. "La Russie ne fait plus rêver et le blocage de la guerre en Ukraine n'est pas à l'avantage de Poutine. Ces alliés d'hier pourraient vouloir le lâcher pour tisser d'autres liens avec l'Europe, et pourquoi pas avec l'Otan", ajoute le général Pellistrandi.
