L'axe Paris-Stockholm se renforce dans l'armement: la France va remplacer ses avions-radars Boeing par des appareils suédois

L'avion de détection et de commandement aéroporté GlobalEye de Saab - Saab
Place à la nouvelle génération. L'âge de la retraite sonnera dans une dizaine d'années pour les AWACS français (airborne warning and control system), mais la relève se prépare: les avions-radars de l'armée de l'air et de l'espace devraient à terme remplacés par des GlobalEye, commercialisés par le constructeur suédois Saab.
Ce n'est pas - encore - un contrat en bonne et due forme, mais c'est un premier pas vers un achat. La France et la Suède ont signé ce mercredi, au troisième jour du salon du Bourget, une feuille de route "visant à renforcer la coopération des deux pays en matière d'armement", selon le communiqué succint du ministère des Armées.
L'un des points de cet accord évoque l'avion GlobalEye, sans préciser ni le nombre d'appareils qui seraient commandés, ni de calendrier de livraison, encore moins de montants. Selon nos informations, la lettre d'intention signée entre la Direction générale de l'armement et Saab signifie simplement que la France s'engage à acheter des avions-radars.
Le communiqué diffusé par Saab indique que l'accord confirme "l'intention de la DGA d'acquérir deux avions GlobalEye", avec une option portant sur deux avions supplémentaires. Le contrat devrait être finalisé "dans les prochains mois".
La rumeur d'achat de ces avions suédois pour remplacer à terme les AWACS courait déjà depuis plusieurs mois.
Des avions d'affaires convertis en avions militaires
Le GlobalEye AEW&C (airborne early warning and control) est basé sur l'avion d'affaires Global 6000/6500 de Bombardier, auquel Saab a ajouté un certain nombre d'équipements et de systèmes militaires – dont un radar de forme rectangulaire fixé au-dessus du fuselage. Baptisé Erieye ER, il affiche une détection supérieure à 550 kilomètres. Les capacités de communication sont renforcées par un système de liaison satellitaire et l'endurance serait de plus de 11 heures.
Cet avion a notamment été commandé par la Suède, les Émirats arabes unis et la Jordanie, qui expose d'ailleurs un de ses appareils sur le tarmac du salon aéronautique.
La France et la Suède renforcent leurs liens
L'acquisition d'avions GlobalEye serait donc une étape supplémentaire dans le rapprochement de la France avec la Suède, qui ont renouvelé leur partenariat stratégique en janvier 2024, à l'occasion d'une visite d'Emmanuel Macron à Stockholm.
La déclaration d'intention signée entre les deux ministres des armées à cette occasion prévoyait entre autres une coopération accrue dans le domaine des systèmes de défense anti-aérienne et de surveillance aérienne, "notamment afin de permettre à la Suède d'acquérir des systèmes français", indiquait le ministère des Armées.
Des travaux sont également en cours entre MBDA et Saab pour le développement d'un missile anti-char. Le communiqué diffusé ce mercredi évoque d'ailleurs "l'acquisition de missiles Akeron MP", produits par le missilier.
Ce partenariat stratégique a franchi une nouvelle étape au printemps dernier, avec la nomination du numéro 2 de la Direction générale de l'armement (DGA) au poste d'ambassadeur de France en Suède: après plus de 30 ans passés au sein de la DGA, dont quatre à la tête de la direction du développement international, l'ex-général cinq étoiles Thierry Carlier a posé ses valises à Stockhom – une décision stratégique pour renforcer les liens entre les deux pays.
Une retraite méritée pour les AWACS français
Les GlobalEye de Saab vont remplacer une flotte de quatre avions-radars E-3F AWACS, opérés pour des missions de détection, de communication et de commandement aéroportés. Mis en service en 1991, les AWACS sont en fait des 707 de Boeing, auxquels ont été ajoutés des systèmes de communication et de transmission, pour en faire un véritable centre de contrôle volant. Ce qui fait la particularité de cet avion, c'est son "rotodôme": une sorte de soucoupe noire et blanche, qui abrite deux radars, permettant une vision à 360°.
Les AWACS français sont les yeux et les oreilles des forces armées dans le ciel, capables de surveiller et de détecter, mais aussi de transmettre et de recevoir des informations. Ils ont subi plusieurs chantiers de modernisation successifs, avec l'objectif d'être opérationnels jusqu'en 2035.