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Défense

L'Archange, futur avion espion des armées, a réalisé son premier vol

Le futur avion de renseignement de l'armée de l'air et de l'espace

Le futur avion de renseignement de l'armée de l'air et de l'espace - Dassault Aviation – V. Almansa

Basé sur l'avion civil Falcon 8X de Dassault Aviation, l'Archange sera dédié aux missions de renseignement.

L’Archange prend son envol. Le futur avion de renseignement de l’armée de l’air et de l’espace a effectué son vol inaugural, annonce la Direction générale de l’armement (DGA). Une étape cruciale pour ce programme, qui va permettre aux armées françaises de disposer de capacités de dernière génération en matière de collecte de renseignement.

Baptisé Archange (Avion de Renseignement à CHarge utile de Nouvelle Generation), l’avion prendra le relais des C160 Transall Gabriel, mis à la retraite en 2022, pour les missions de renseignement d’origine électromagnétique – à savoir l’interception des émissions radio et radar et l’analyse des réseaux de télécommunications.

Une fonction essentielle pour les opérations militaires et une des priorités du chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, qui a récemment déclaré en audition parlementaire: "nous devons développer tout ce qui permet de combattre et de prendre l'avantage dans un environnement électromagnétique assez dense et hostile".

Le général Jérôme Bellanger a également souligné que le programme Archange "sera très important pour la suite de nos opérations et en matière de renseignement" et que les avions "offriront une capacité de ROEM indispensable en matière de renseignement stratégique, de surveillance, de préparation à l’engagement et d’appui à nos opérations dans la profondeur ainsi qu’à nos missions tactiques".

Un avion civil militarisé

L'Archange est en fait un avion civil, auquel on ajoute des équipements et des systèmes militaires. C'est l'avion d'affaires Falcon 8X de Dassault Aviation qui a été sélectionné en 2019 pour servir de plateforme, l'équipementier Thales aura quant à lui la charge d'intégrer les systèmes destinés aux missions de renseignement.

En version civile, le triréacteur de Dassault peut transporter huit passagers et trois membres d'équipage sur une distance de près de 12 000 km - une autonomie importante et indispensable pour les missions de renseignement militaire.

Trois avions pour renforcer le renseignement

La Loi de programmation militaire (LPM) prévoit la livraison de trois avions d'ici fin 2030. Le premier devait initialement être livré en 2025, les deux suivants en 2026 et 2028. Le programme a cependant pris un peu de retard, les derniers éléments en date communiqués par le chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace faisant état de deux livraisons en 2027 et une troisième en 2029.

Lorsqu'ils seront livrés, les trois avions seront stationnés sur la base aérienne 105 d'Évreux et affectés à l'escadron électronique aéroporté 54 "Dunkerque", qui réalise également des missions, entre autres, au profit de la Direction du renseignement militaire.

Les Archange rejoindront les Vador, les avions légers de surveillance et de renseignement, également basés sur un avion d'affaires, le Beechcraft King Air 350.

En attendant la livraison des Archange et pour pallier le retrait des C160 Gabriel, l'armée de l'air et de l'espace utilise une solution intérimaire: elle loue des heures de vol d'un avion Saab 340 dans le cadre d'un contrat baptisé "Solar", décrit comme "une solution d’attente permettant de conserver les compétences et l’expertise de nos ressources humaines spécialisées en ROEM aéroporté" par le général Bellanger.

Une solution semblerait-il fort utile, car "même si le Saab 340 est un cran en dessous du C160 Gabriel, il permet de faire énormément de choses en matière de ROEM. Ses quelques centaines d’heures de vol par an prouvent que nous l’utilisons", révèle le chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace.

Helen Chachaty