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Défense

L'ambassadrice ukrainienne à l'Otan demande à l'Europe de lui payer davantage d'armes américaines, à défaut d'en produire suffisamment elle-même

L'Otan

L'Otan - MATEUSZ SLODKOWSKI

Alyona Getmanchuk assure que l'Europe n'a pas les moyens de remplacer les armes américaines fournies à Kiev, "ni en modèle, ni en volume, ni en rapidité de livraison".

L'Europe doit financer davantage d'achats d'armes américaines en faveur de l'Ukraine faute de pouvoir les fournir elle-même en nombre suffisant, a déclaré mercredi l'ambassadrice ukrainienne auprès de l'Otan à l'AFP.

"Les pays européens de l'Otan ne peuvent pas remplacer, ni en modèle, ni en volume, ni en rapidité de livraison", les armes américaines, a déclaré Alyona Getmanchuk dans un entretien avec l'AFP depuis le quartier-général de l'Alliance à Bruxelles.

"Les armes américaines restent cruciales, notamment pour la défense aérienne", a-t-elle souligné, avant une réunion mercredi des ministres de la Défense de l'Otan et du Groupe de contact avec l'Ukraine.

Une grande partie de ces équipements est fournie via l'initiative PURL, un fonds multinational piloté par les États-Unis, qui permet aux pays européens de financer le transfert d'armes américaines vers l'Ukraine. Et nombre d'armes essentielles comme les batteries de défense anti-aérienne Patriot, "nous sont livrées presque exclusivement via ce mécanisme", a expliqué l'ambassadrice, en poste depuis août 2025.

Kiev a déjà reçu deux tranches d'aide pour environ deux milliards de dollars, financés par les Pays-Bas, et plusieurs pays scandinaves, a indiqué fin septembre le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur X. L'Allemagne et le Canada se sont engagés à en financer deux autres, à hauteur de 500 millions de dollars chacun, selon le président ukrainien.

"Finaliser"

"Ce serait bien de finaliser les 'paquets' cinq et six avant la réunion du Groupe de contact" mercredi à Bruxelles, a souligné Alyona Getmanchuk. L'objectif est de disposer d'environ un milliard de dollars par mois de la part des pays européens pour que cette initiative atteigne pleinement son potentiel, selon M. Zelensky. Pour autant, a souligné l'ambassadrice ukrainienne, Kiev ne privilégie pas les armes américaines par rapport aux armes européennes.

"Ce n'est pas que nous préférons les armes américaines aux armes françaises ou allemandes. Le problème, c'est que nous demandons aux États-Unis des armes que les Européens ne peuvent pas fournir", a-t-elle dit.

Face à l'intensification des frappes russes, notamment contre ses infrastructures énergétiques, l'Ukraine plaide depuis longtemps pour être aussi en mesure de frapper en profondeur le territoire russe. "La défense aérienne est cruciale, mais au bout du compte, ce sont des antidouleurs. Pour frapper à la source de la douleur, il nous faut des frappes en profondeur", à l'intérieur de la Russie, a-t-elle affirmé.

"Ce qui est important, c'est de faire comprendre aux Russes que tout est possible, que toutes les options sont sur la table", a-t-elle souligné. Les États-Unis ont longtemps hésité à fournir des capacités de frappes à longue portée, comme des missiles, redoutant une escalade. L'administration américaine a toutefois récemment indiqué être prête à fournir à l'Ukraine des missiles de croisière Tomahawk à longue portée.

Des frappes en profondeur de l'Ukraine contre la Russie avec des armes américaines ne sont pas à exclure, avait ainsi affirmé fin septembre l'émissaire américain pour l'Ukraine Keith Kellogg, après des propos similaires du vice-président JD Vance.

P.L. avec AFP