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Défense

BNP Paribas ajuste sa politique d'investissement dans la défense pour participer au réarmement de l'Europe

BNP Paribas ne financera plus l'extraction de gaz ou de pétrole de schiste.

BNP Paribas ne financera plus l'extraction de gaz ou de pétrole de schiste. - Philippe Huguen - AFP

Alors que la précédente politique du groupe proscrivait l'investissement dans les "armes controversées", celle mise à jour au printemps parle désormais "d'armes exclues", en l'occurrence celles "régies par les conventions internationales".

BNP Paribas met à jour sa "politique de défense et sécurité". Comme repéré par le Financial Times, la banque qui s’interdisait depuis 2010 d’investir dans les "sociétés produisant des armes controversées" a modifié ses règles il y a quelques mois, à l’heure où l’Europe cherche à se réarmer sur fond de tensions croissantes avec la Russie.

Plutôt que d’employer le terme "armes controversées" jugé trop flou et susceptible d’intégrer certains types d’activités comme la production de drones, le groupe utilise désormais le terme "d'armes exclues", lesquelles correspondent en l'occurrence aux "armes régies par les conventions internationales majeures".

"Dans le cadre des mises à jour régulières des politiques sectorielles du Groupe, la politique Défense & Sécurité a été mise à jour au printemps 2025. Le terme 'armes controversées' a été remplacé par 'armes exclues', dont le détail est toujours public dans notre politique", précise BNP.

Plusieurs banques révisent leur politique

BNP n'est pas la seule à avoir mis à jour ses critères. Plusieurs banques l'ont également fait comme le Crédit Agricole qui utilise depuis le mois de mai la formulation "armes et équipements exclus", comme alternative au mot "controversé".

Parmi ces armes "exclues" figurent les armes à sous-munition, les mines anti-personnel, les armes à éclats non localisables, les armes biologiques, les armes chimiques, les armes nucléaires ainsi que les équipements "n’ayant aucune autre utilisation pratique que celle d’infliger la peine capitale, la torture et d’autres peines ou traitement cruels, inhumain ou dégradants’, tels que définis par le règlement par le règlement 1236/2005 du Conseil de l’Union européenne", peut-on lire dans la politique de BNP publiée en avril.

Le groupe exclut par ailleurs toute transaction "liée à l’exportation d’équipements de défense et de sécurité à destination d’un pays avec lequel la transaction poserait un risque prépondérant au regard des droits humains".

Une clarification de l'UE

En mars, le gouvernement avait réuni à Bercy les entreprises du secteur de la défense et les grandes banques françaises pour inciter les secondes à financer les premières. À cette occasion, BNP avait réaffirmé "son engagement de longue date pour accompagner le financement des entreprises de la défense, principalement au sein des pays de l’Otan, majoritairement en Europe".

Si les banques tricolores soutiennent l’industrie de la défense à hauteur de 37 milliards d’euros selon leur fédération professionnelle, certaines ont parfois été frileuses à l’idée de se lancer par peur que cette activité ne soit pas compatible avec les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

En juin, la Commission européenne a toutefois mis les choses au clair pour stimuler les investissements et indiqué que ces derniers étaient bien compatibles avec les critères ESG, sauf pour les financements de fabricants d’armes régies international. Ce qui correspond précisément à la nouvelle politique de BNP en la matière.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco