"Là-haut c'est le Far West": pour lutter contre les ballons espions à très haute altitude la France lance 3 projets en 2025

L'Armée de l'air veut lancer des ballons de surveillance dans le ciel. - Armée de l'air
Détecter, intercepter, opérer. Trois missions qui deviennent essentielles dans ce qu'on appelle la "très haute altitude" (THA), qui se situe environ entre 20 et 100 kilomètres d'altitude. Ce n'est plus l'espace aérien dans lequel volent les avions mais ce n'est pas encore l'espace dans lequel orbitent les satellites. C'est la couche dans laquelle peuvent voler des ballons espions, comme ceux qui ont survolé le territoire américain en 2022, avant d'être détruits par des avions de chasse.
"C'est une zone grise", a déclaré le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d'une conférence de presse au salon du Bourget. "C'est le Far West", avait quant à lui déclaré le général Bellanger, chef d'état-major de l'Armée de l'air et de l'espace, en audition parlementaire.
Et pour rester dans la course, le ministre a présenté la nouvelle stratégie des Armées pour la très haute altitude, pour renforcer la protection aérienne. Il veut aller vite, avec des "quick win", pour affirmer la position de la France dès cette année, en accélérant le développement de trois projets clés, avec des financements dédiés.
Trois projets dès 2025
Le ministère des Armées va relancer le développement du radar transhorizon Nostradamus, développé depuis les années 1990. Ce radar d'alerte avancée, qui peut détecter des missiles balistiques ou de croisière, mais aussi des missiles hypervéloces ou des ballons espions jusqu'à 3.000 kilomètres, va faire l'objet de financements supplémentaires, de l'ordre de 2 millions d'euros.
Deuxième projet qui va bénéficier de fonds supplémentaires, de l'ordre de 2,3 millions d'euros: le drone solaire Zephyr développé par la filiale d'Airbus AALTO. Destiné aux missions d'observation, il peut rester jusqu'à 60 jours dans les airs, à 20 kilomètres d'altitude.
Le ministère des Armées va enfin investir 5 millions d'euros dans le projet BalMan, conçu et développé par Hemeria. Ce ballon peut voler jusqu'à 25 kilomètres d'altitude, pour surveiller ou observer une zone précise, mais aussi pour servir de relai de communication. Mené avec l'appui du Centre national d'études spatiales (CNES), ce ballon a effectué son premier vol d'essai à l'automne 2024.
À plus long terme, le ministère des Armées va investir 10 millions d'euros dans le projet de dirigeable Stratobus de Thales Alenia Space. Ce programme a connu des retards et des coûts de développement importants, mais l'objectif est maintenant de pouvoir en disposer à l'horizon 2030, pour des missions de renseignement, de surveillance, de reconnaissance.