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Défense

Avec les réservistes, le ministre des Armées lance une "nouvelle professionnalisation" des armées

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Lors d'une cérémonie, le ministre des Armées a lancé un appel aux civils à rejoindre les rangs de la garde nationale et les entreprises à les accompagner. D’ici à 2035, il compte créer une armée constituée d'un réserviste pour deux militaires d’active.

Les réservistes défileront cette année à Paris lors du défilé du 14 juillet avec la 9e brigade d'infanterie de marine qui défilera en bonne place sur les Champs Élysées. Une mise à l'honneur qui symbolise un projet très ambitieux de Sébastien Lecornu.

Le ministre des Armées veut que, d'ici à 2035, la France compte une Garde nationale de 100.000 membres de la réserve opérationnelle, soit un tiers des armées françaises. D'ici à 2030, il prévoit déjà de doubler leur nombre pour passer d'environ 40.000 actuellement à 80.000.

"Notre armée poursuit sa transformation pour acquérir des compétences face aux nouvelles menaces et montera en puissance en s’appuyant sur la réserve opérationnelle qui concourra à ses missions. Je salue en cela les travaux menés par nos trois armées", a déclaré Sébastien Lecornu.

Un plan de recrutement

Mercredi, le ministre a présidé une prise d’armes aux Invalides composée intégralement de réservistes, "C'est une première", a noté le ministre qui était accompagné du chef d'état-major des Armées, du délégué général pour l'armement, Emmanuel Chiva et des chefs d'État-major des armées de Terre, de l'Air/Espace et de la Marine.

"Après le service national et l'armée de métier, c'est une nouvelle professionnalisation des armées", estime le ministre.

Lors de cette cérémonie durant laquelle plusieurs volontaires de la garde nationale ont été décorés, Sébastien Lecornu a solennellement appelé les Françaises et les Français et s'engager qu'elle que soit leurs compétences, leur âge (de 17 à 77 ans) ou leur condition physique.

Mais surtout, il appelle les entreprises à faire un effort en accordant plus de congés rémunérés aux soldats de la réserve pour effectuer leur période qui, en moyenne, peut atteindre 37 jours par an. Aujourd'hui, dans la plupart des cas, les salariés utilisent leurs congés payés ou leur RTT pour s'entrainer ou remplir des missions.

"Vous avez une mission patriotique à poursuivre pour la Nation", a déclaré le ministre aux employeurs.

Pour donner l'exemple, des conventions ont été signées avec cinq grands employeurs: le groupe Bouygues, la SNCF, Allianz, BNP Paribas et le Conseil départemental de l’Essonne. Ils se sont engagés à faciliter l’engagement de leurs réservistes en facilitant la prise de jours qu'elles rémunèreront. Pour certaines d'entre elles, ce sera une trentaine de jours que leur salariés pourront consacrer aux forces armées et à la sécurité.

"Nous mettons en place un congé rémunéré de 10 jours par an pour que nos collaborateurs puissent assister aux périodes de réserve", explique ainsi Adelaide de Tourtier, la directrice de la RSE chez PwC France.

Cette entreprise de 1000 salariés a été récompensée par le Prix de la Garde nationale avec le Conseil départemental de Saône-et-Loire, UNEO (Mutuelle des Forces armées) et l'Ecole des Mines d’Alès qui compte de nombreux étudiants-réservistes.

Des régiments de réservistes

Pour attirer ces troupes, le ministre des Armées a aussi pris des engagements. D'abord celui de les appeler régulièrement. "Il n'est pas normal que ceux qui se sont engagés et ont été admis n'aient jamais été appelés. C'est un échec", a reconnu Sébastien Lecornu en annonçant une réhausse des entraînements et la possibilité de partir en Opex (opérations extérieures).

D'autre part, les tâches qui leur seront confiées ne seront pas accessoires. Les chefs d'État major des trois armées (terre, mer et air/espace) sont à la manoeuvre. En plus de l'opération Sentinelle, lancée en 2015 avec 3000 réservistes sur 10.000 soldats, le champs d'action de la garde nationale va s'étoffer.

La Marine va créer des flottilles côtières constituées de réservistes. L’armée de l’Air et de l'Espace installera une escadrille de réservistes sur chaque base aérienne. L’Armée de terre renforcera ses compagnies et ses sections de réserves et va créer des unités spécialisées à l'image du 24e régiment d’infanterie, une unité basée en Île-de-France uniquement constituée de réservistes .

Mais pour attirer ces volontaires, des moyens devront être mis pour faciliter les démarches pour le recrutement. Il faudra les équiper, les loger, les armer et les transporter. Les industriels de la BITD seront être mis à contribution.

Mais aussi, le site internet de candidature doit être simplifié dès la rentrée de septembre. Actuellement, il est qualifié "d'usine à gaz" par ceux qui s'y sont risqués. Sa complexité freine, voire dissuade de passer ce barrage. Une campagne de communication devrait être lancée "lorsque ces problèmes seront réglés", nous a confié un proche du dossier.

Ce plan représente un budget d'environ 400 millions d'euros prévu dans la loi de programmation militaire 2024-2030 de 413 milliards d'euros. Toujours en discussion, ce budget des Armées en hausse de 30% devrait être officialisé dans les prochains jours.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco