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"L'économie de guerre est une réalité": les industriels français en ordre de marche

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Invité de BFM Business au salon du Bourget, Emmanuel Chiva, délégué général pour l'Armement, assure que l'État est au soutien des industriels français pour accélérer les cadences de production.

Plus d'un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la guerre se poursuit sur le flanc oriental de l'Europe. La France, qui compte parmi les principaux soutiens de Kiev, n'est pas à proprement parler en guerre, mais elle fournit encore et toujours des armes, de l'équipement et des formations à l'armée ukrainienne. Et l'industrie de l'armement tricolore tourne aujourd'hui à plein régime.

"L'économie de guerre n'est pas un vœu pieux, c'est une réalité", assure ainsi Emmanuel Chiva, délégué général pour l'Armement, sur BFM Business. "Nos industriels ont bien pris la mesure", de la situation assure-t-il, citant notamment les exemples de Nexter "qui est entré en économie de guerre" ou encore du rythme de production des canons Caesar "qui a doublé, avec des délais de productions réduits de 30 à 17 mois".

Négociations entre l'État et les industriels

Interrogé sur les attentes des industriels vis-à-vis de cette accélération demandée du rythme de production, Emmanuel Chiva reconnaît que "cela demande des investissements".

"Ça coûte cher aux entreprises mais ça leur rapporte beaucoup aussi", nuance-t-il avant de rappeler que la Loi de programmation militaire est "un formidable business plan" pour le secteur.

Reste que si les entreprises acceptent d'augmenter les cadences, certaines, comme MBDA qui fabrique les missiles Mistral, grincent des dents et réclament des commandes massives de l'État.

"On demande aux industriels de prendre des risques et de diminuer les coûts. Plus on commande, plus il est normal que le prix diminue", leur répond le délégué général pour l'Armement.

Et Emmanuel Chiva de rappeler que "nous sommes en négociation avec l'ensemble des industriels". "Je ne suis pas inquiet, on va y arriver car on tire tous dans le même sens."

Créer une industrie plus agile

L'année écoulée a également été l'occasion d'éprouver la résilience de l'industrie de l'armement française en conditions réelles. Et de constater, parfois, des lourdeurs. Le secteur est organisé autour de "13 grands maîtres d'œuvre", rappelle Emmanuel Chiva, en référence à la BITD, la Base industrielle et technologique de défense. "Mais derrière, il y a plus de 4000 PME qui ont cette agilité nativement."

"Il faut qu'on s'organise tous ensemble pour être capable de mettre en place cette flexibilité, cette agilité. Ça ne marchera que si l'industrie se transforme et si la DGA se transforme également. Et c'est le projet que l'on porte."

Ces lourdeurs, on les retrouve aussi au niveau européen, notamment dans le programme d'avion de combat du futur, le Scaf. Un projet qui a mis du temps à émerger à cause des dissensions, à la fois entre pays partenaires -rejoints lundi par la Belgique, et entre les industriels impliqués.

"C'est pas parce que quelque chose est compliqué que ça ne peut pas marcher. Effectivement, c'est complexe de faire travailler plusieurs pays avec différentes industries nationales, différentes priorités", reconnaît Emmanuel Chiva.

Le délégué général pour l'Armement est certain que le projet Scaf est en train de prendre son envol. "Ce n'est pas une inquiétude qu'on a, c'est une attention constante au fait de pouvoir faire marcher cette coopération à l'échelle européenne", assure-t-il. Vieux serpent de mer, l'Europe de la Défense se concrétise, sous l'impulsion de la France.

Clément Lesaffre