Défaillances des entreprises: "il y aura un rattrapage à partir de l'été"

Faut-il craindre une vague de faillites? "Oui, il faut s'en inquiéter" mais "je pense que c'est bien compris et intégré par les pouvoirs publics", a assuré ce mercredi matin Benoît Coeuré, président du comité de suivi et d’évaluation des mesures de soutien financier aux entreprises confrontées à la crise sanitaire
"C'est vrai que quand on regarde l'augmentation de la dette des entreprises en 2020, on a +217 milliards d'euros de dette des entreprises, dont 200 milliards sont placés sur leurs comptes en banque, donc la dette nette n'augmente que de 17 milliards. Mais elle part d'un niveau qui est beaucoup plus élevé en France qu'ailleurs, et c'est un facteur de préoccupation", a précisé l'ex-membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) et aujourd'hui dirigeant du pôle innovation technologique à la Banque des règlements internationaux.
"On sait que les défaillances ont été un peu suspendues pendant cette crise, il y aura un rattrapage à partir de l'été. La question est [de savoir s'il s'agit] seulement d'un rattrapage ou d'une poussée très forte, et dans ce cas-là, il faut des outils pour anticiper ça", a poursuivi Benoît Coeuré, estimant que "le gouvernement en est conscient".
"Entre le marteau et l'enclume"
Beaucoup d'entreprises déplorent néanmoins que les mécanismes de soutien ne sont pas adaptés à leurs situations et qu'il y a eu des retards dans les versements. "Le taux de refus des PGE est quand même très faible. Bien sûr on parle de millions d'entreprises, il y a toujours des problèmes, mais je ne vois pas de problème systémique (…). En revanche, c'est vrai que le fonds de solidarité par exemple, était trop restrictif au début, et il y avait beaucoup de trous dans la raquette"
"Ça a été corrigé dans différents secteurs" comme la montagne ou d'autres "secteurs touchés indirectement", "et puis il y a eu cette grande réforme où, maintenant, le fonds de solidarité est calculé en fonction des coûts fixes. C'est économiquement une bonne réforme mais ça ajoute de la complexité, et ça ajoute aussi pour Bercy la nécessité de faire plus de contrôles, ce qu'ils font d'ailleurs (…), et donc des versements qui sont beaucoup plus longs".
Pour Benoît Coeuré, "on est pris entre le marteau et l'enclume". "Soit c'est très simple et il y a des trous dans la raquette, soit ça essaie d'être universel mais dans ce cas-là ça devient complexe, il y a des contrôles et des délais".