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Danone : "La problématique c'est la compatibilité d'une vision de long-terme de société à mission avec le fonctionnement des marchés", résume un actionnaire

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Philippe Zaouati, directeur général de Mirova et actionnaire de Danone, était l'invité ce mardi matin de Good Morning Business sur BFM Business.

Fallait-il évincer Emmanuel Faber de la tête du groupe Danone? Philippe Zaouati, directeur général de Mirova et actionnaire du groupe, regrette "une sorte de troisième mi-temps" qui s'est jouée "avec l'arrivée de fonds activistes dans le capital", révélant "une incapacité du conseil d'administration actuel à guider la stratégie de Danone".

Ce débat "aurait dû avoir lieu avant" ou à la prochaine assemblée générale, estime le dirigeant de Mirova, société de gestion d'actifs qui dispose de 0,6% des droits de vote au sein de Danone.

Que les choses se soient décidées entre une décision d'acceptation du plan stratégique et une assemblée générale qui arrivait, avec des fonds activistes qui ne détenaient que quelques pourcents du capital et dont le succès à l'assemblée générale n'était absolument pas garanti, c'est quelque chose d'assez baroque dans la façon de gérer les choses", analyse-t-il.

L'éviction d'Emmanuel Faber peut-elle décourager les dirigeants des grands groupes qui voudraient suivre la même voie, c'est-à-dire devenir une société à mission?

"La problématique qui se pose derrière tout ça c'est la compatibilité d'une vision de long-terme de société à mission avec le fonctionnement des marchés tels qu'on les a aujourd'hui, interroge Philippe Zaouati. Est-ce qu'on peut avoir d'un côté des objectifs long-terme avec une vision de gouvernance multi-parties prenantes et d'un autre côté une gouvernance actionnariale complètement déconnectée de ça et extrêmement court-termiste?"

"Si on veut aller vers une entreprise différente, il faut évidemment changer la gouvernance (…) mais il faut aussi changer le fonctionnement des marchés", assure Philippe Zaouati.

Actionnariat de long-terme

"Est-ce qu'on peut aller vers le fonctionnement d'une société à mission quand des actionnaires qui soutiennent une entreprise depuis des années, qui soutiennent sa stratégie, qui soutiennent son évolution vers une société à mission, ont finalement moins de poids à des moments cruciaux que des actionnaires qui débarquent dans l'entreprise parce qu'elle a perdu 25% et qui en sortiront dès que leurs objectifs seront atteints, peut-être d'ici quelques semaines ou quelques mois? C'est une vraie question".

"Favoriser l'actionnariat de long-terme, donner plus de poids et éventuellement plus de droits de vote à ceux qui sont là depuis longtemps, c'est probablement ce qui est nécessaire", poursuit Philippe Zaouati.

Pour l'actionnaire de Danone, il n'y a pas "de lien entre la politique RSE et les difficultés opérationnelles" du groupe. "Regardez ce qu'il se passe en Bourse aujourd'hui: des exemples d'entreprises qui ont de bonnes RSE et qui ont eu des performances opérationnelles excellentes ces dernières années, il y en a des tonnes", avance-t-il, estimant que la politique RSE a été utilisée comme un prétexte par les fonds activistes concernés.

J. Br.