La station de ski Alti Aigoual dans les Cévennes lance une cagnotte en ligne pour survivre

La petite station de ski Alti Aigoual dans les Cévennes joue sa survie. Gérée par un collectif de deux passionnés depuis 2018, l'unique station du département du Gard est en difficulté financière. Pour permettre sa réouverture à l'hiver prochain, elle lance une cagnotte Leetchi avec l'objectif de réunir 20.000 euros. Une cagnotte qualifiée de "coup de pouce", mais qui tient plutôt de solution de la dernière chance.
Car en réalité, il lui manque davantage, plutôt 130.000 euros selon les informations communiquées par les gestionnaires de la station, qui bénéficient d'une délégation de service public. Moyennant paiement d'une redevance, ils assument l'exploitation de la station et en récoltent les bénéfices. Une partie des fonds manquants devrait ainsi être obtenue de l'exploitation de la station elle-même, (forfaits, restaurant et gîte) et par la compensation espérée des travaux non effectués dans les temps par la communauté de communes.
Manque de neige et explosion de la facture d'électricité
Depuis sa reprise en 2019, la petite station de ski (ex Prat Peyrot) doit composer avec des vents contraires. La qualité de l'enneigement tout d'abord, qui n'est pas au rendez-vous, pour cette station dont l'altitude est de 1410 m.
Depuis la réouverture, on n'a jamais ouvert plus de 3 jours par an pendant les vacances de février", explique Denis Boissière, porte-parole de la station, et gestionnaire.
Cette année, la neige est tombée en mars, après la fermeture de la station. Il a fallu rouvrir alors même que les saisonniers étaient déjà partis. "La seule année où les conditions étaient bonnes c'est la période Covid, et là comme pour d'autres stations il nous était interdit d'ouvrir".
Certains week-ends sans neige peuvent se payer très cher. Or la station a besoin de 12.000 forfaits annuels pour atteindre son seuil de rentabilité.
L'explosion de la facture énergétique ensuite a laissé des traces. "On est chauffé au mazout", explique Denis Boissière. "En 2022 avec la crise de l'énergie annoncée, on est passé le 31 octobre à 800% d'augmentation du prix du kilowattheure. On a subi une explosion des factures d’énergie surtout pour nos bâtiments passoires thermiques".
Enfin, les repreneurs de la station déplorent également l'absence de gros travaux d'envergure qui aurait dû être effectués par la collectivité délégataire. Mais ils saluent la solidarité montagnarde. Les prêts et dons des autres stations comme celui d'une dameuse par les Deux-Alpes ont permis d'assurer les opérations courantes. Une solidarité entre stations de ski bienvenue, alors que le problème du changement climatique est plus difficile à appréhender pour les stations moins dotées financièrement.
La difficile conversion vers une station 4 saisons
Comment envisager l'avenir lorsque la fin des hivers enneigés est prévisible? Lors de la reprise, les délégataires avaient une vision à 10 ans. Qui intégrait la possibilité d'exploiter la station hors saison, notamment en développant les activités VTT. Mais voilà, la station est classée dans une zone protégée, le parc national des Cévennes. Et tout développement d'activité est soumis à autorisation pour ne pas abîmer faune, flore et biodiversité.
"Le parc national avait donné son aval pour utiliser les remontées mécaniques en été. Et au développement d'activités vélo à condition d'utiliser les sentiers existants. Mais il n'y a aucun sentier existant à proximité des remontées et il nous est aussi interdit de créer des "mouvements de terre" (creux, bosses, virages relevés), ou d'implanter dans le sol des passerelles de bois, ce qui est incompatible avec la mise en place d'un bike park", conclut, désabusé Denis Boissière. "On ne veut pas faire un Disneyland ou un parc d'attractions pourtant".
Résultat, "la station ne marche que sur une jambe", alors que les délégataires comptaient sur les deux, été comme hiver, pour rentabiliser leurs investissements.
Quant à l'avenir, Denis Boissière en est conscient, il n'est pas écrit.
La station peut fonctionner encore quelques années sans investissement important, si on est capable de la faire vivre, on le fera. Cinq ans, ce n'est pas rien".
En tout cas, le porte-parole en est certain, ce sera la dernière cagnotte, après une première lancée en 2019. Soit parce qu'en l'absence de collecte suffisante, la station n'ouvrira pas cet hiver. Soit parce que grâce à ces contributions anonymes et aux plaisanciers, la station rentrera dans ses fonds, et n'aura plus besoin d'un appel à la solidarité.
Une marche est également être organisée ce week-end, mais les élus locaux n'ont pas répondu présent.
A date la cagnotte en ligne a permis de récolter plus de 4.800 euros.