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Champagne Jeeper : quand la technologie dépoussière la tradition

Nicolas Dubois - Champagne Jeeper

Nicolas Dubois - Champagne Jeeper - Champagne Jeeper

Alors qu’en Champagne de plus en plus de maisons se tournent vers le bio, Champagne Jeeper fait le pari de la technologie pour mieux comprendre ses vignes.

Avant-gardiste dans l’âme, passionné de vin et d’environnement, Nicolas Dubois, le président de Champagne Jeeper, a réinventé son métier. En investissant dans des procédés de réduction et d’optimisation de sa production, il allie respect de l’existant, technologies et qualité. La démarche de Champagne Jeeper, sensée et audacieuse, casse les codes d’une micro-économie basée sur des maisons centenaires.

Vous êtes un des plus jeunes domaines de Champagne et pourtant déjà le troisième parc de fûts de la région, comment vous en êtes arrivés là ?

Je n’étais pas majeur quand j’ai acheté ma première vigne et chaque euro que j’ai gagné je l’ai investi dans le foncier ! En 2009, j’ai racheté la marque Champagne Jeeper. Avant de m'associer avec Michel Reybier en 2013, j’étais dans la très grande distribution, fin 2011 je faisais déjà plus de 100 millions de chiffre d'affaires puis, en 2012, je suis passé par une phase très compliquée, l'entreprise était jeune et manquait de fonds propres. Grâce au soutien de Mr Reybier, l'histoire du domaine se perpétue avec 80 collaborateurs.

Champagne Jeeper développe deux marques chacune avec un réseau de distribution propre. La première, François Dubois, est dédiée à la grande distribution et la deuxième, Champagne Jeeper, rachetée en 2009, est destinée à l’export.

Nous possédons toutes les composantes d'un domaine c'est-à-dire à la fois le vignoble, les outils, les stocks et la chaîne de distribution. J’ai toujours accordé beaucoup d'importance à la complétude de la chaîne de production, c’est un atout pour traverser des moments difficiles.

Notre vignoble exploite une soixantaine d’hectares (moyenne en Champagne 3 hectares), la gestion de l’entreprise se fait par la maîtrise du foncier et du produit le plus tôt possible.

Vous vous êtes donné 5 ans pour devenir les “Tesla” du vin, expliquez-nous comment la technologie et l'environnement cohabitent chez Champagne Jeeper ?

Dans un univers où la croissance de la population devient problématique, il faut d’abord arrêter d'abîmer ce qui existe et ensuite comprendre l’environnement pour l’optimiser sans le dénaturer.

Je crois énormément à la technologie pour améliorer le quotidien de l’agriculture.

Un exemple : la plupart des domaines pulvérisent systématiquement l’ensemble de leurs parcelles pour entretenir les vignes, alors qu’on pourrait simplement soigner les pieds malades.

La technologie nous permet de recueillir des informations sur le cycle de vie d’une plante, en comprenant son fonctionnement nous pourrons adapter et ajuster les traitements uniquement aux pieds qui en ont besoin. C’est comme ça que nous pourrons avoir le meilleur produit sans le dénaturer.

Comment peut-on produire un vin de qualité exceptionnelle en améliorant seulement l’existant ?

Le métier du champagne est très long, entre le moment où vous pensez un produit et le résultat il s'écoule plus de 10 ans. Nous nous sommes concentrés sur deux paramètres, le poids optimal par pied et les levures.

Définir le poids optimal nous a pris 5 ans. Nous avons commencé par sélectionner une dizaine d'hectares de notre vignoble dans les 3 cépages principaux champenois qui ont été vendangés pied par pied. Chaque pied a été pesé et classé par tranche de 200 grammes, puis nous avons effectué des microvinifications pour analyser les différents paramètres de nos vignes.

Plutôt que d’utiliser les levures de laboratoires, nous avons choisi de cultiver nos propres souches, issues de notre terroir. Au bout de 4 ans de recherche, nous avons trouvé la levure qui donne à nos vins une signature. Elle fermente très bien en cuve, ne fait pas monter les vins en température, ne dénature pas les arômes et ne nécessite pas autant d’adjuvant pour la fermentation en bouteille que les levures de laboratoires.

La viticulture ne peut à mon sens progresser en revenant sur des techniques antérieures telles que le cuivre ou la traction animale, je pense qu'à terme la maîtrise de la technologie dans notre métier va dépasser la notion d’AOC , tant cette dernière sera importante !

Crise sanitaire, blocage du canal de Suez, levée des taxes sur le vin aux USA, le marché de l’export des vins a été fortement déréglé, comment tirer son épingle du jeu dans ces conditions ?

Fin 2019, j’étais en Asie et j’ai rapidement compris l’impact que cela allait avoir sur l’Europe. Les marchés de grande distribution se négociant en début d’année, j’ai validé ma stratégie commerciale auprès de mes clients en décembre, ce qui m’a permis de livrer l’année 2020 avant le 30 mars. Nous avons fait de la croissance à la fois en marge et à la fois en chiffre pour la partie mass market.

L’année 2021 a bien démarré, nous sommes repartis sur une belle dynamique de croissance et de beaux produits, malgré une partie opérationnelle compliquée. Fin juin, nous avons effectué 80% de notre année, le problème ce que pour l’instant seulement 60 % de la marchandise est arrivée. Dans notre métier nous anticipons à un ou deux ans, en ce moment nous devons nous repositionner constamment avec des stratégies à la semaine.

Ce contenu a été réalisé en partenariat avec SCP. La rédaction de BFM Business n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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