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"Ce n'est que le début des hostilités" à SFR: Patrick Drahi et ses créanciers font monter les enchères alors que les syndicats s'inquiètent

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Altice France a immédiatement rejeté l'offre de rachat de SFR formulée par Orange, Free et Bouygues Telecom. La CFDT, qui craint des destructions d'emplois, a interpellé le gouvernement.

La vente de SFR est encore loin d'être conclue. Cette semaine, l'offre de rachat déposée par Orange, Free et Bouygues Telecom a été immédiatement rejetée par sa maison mère Altice France. Les trois opérateurs ont remis sur la table leur offre d'un montant de 17 milliards d'euros, mercredi soir, ouvrant la voie à un possible passage de quatre à trois opérateurs. Mais Patrick Drahi, le patron d'Altice France entend faire monter les enchères. Ses créanciers - qui détiennent 45% du capital - se sont de plus alignés sur sa position, selon Le Figaro, en espérant une offre d'un montant supérieur.

"Il y a une mauvaise lecture qui consiste à dire qu’en faisant cette proposition et en agitant un prix pour les créanciers, ces derniers allaient répercuter la pression sur Patrick Drahi", a expliqué un proche de ces créanciers au Figaro.

Ces derniers sont entrés au capital après la restructuration de la dette du groupe. Au 1er octobre, celle-ci est passée de plus de 24 milliards à 15,5 milliards d'euros. Le premier remboursement de cette dette doit avoir lieu en 2027, ce qui donne du temps à Patrick Drahi. En outre, d'autres acteurs sont intéressés par SFR. Bloomberg a notamment révélé que le fonds Blackstone étudiait le dossier.

Les syndicats interpellent le gouvernement

En parallèle, la CFDT a adressé jeudi 16 octobre une "demande urgente de rendez-vous" au ministre de l'Economie au sujet d'une potentielle vente de l'opérateur SFR. Le syndicat, représentatif chez SFR et au sein de sa maison mère Altice France, alerte le ministre Roland Lescure sur les "enjeux majeurs en matière d'emploi, de souveraineté numérique, de concurrence et de cohésion territoriale" que soulèverait un rachat de l'opérateur.

"Même si le groupe Altice a refusé l'offre, il nous semble que ce n'est que le début des hostilités", a indiqué la CFDT dans son courrier.

Le syndicat interpelle également le ministère sur les "garanties que l'État entend mettre en oeuvre", notamment sur la préservation de "l'emploi et (des) compétences dans la filière télécoms". "Il est important que le gouvernement se saisisse. Le gouvernement ne peut pas laisser les actionnaires et créanciers décider du sort de milliers d'emplois", a ajouté Abdelkader Choukrane, élu au CSE et secrétaire général du syndicat majoritaire Unsa chez SFR.

"Nous avons été choqués de constater que lorsque Roland Lescure a été interrogé par RTL, il n'a parlé que de questions de concurrence, sans aucun mot sur les impacts prévisibles en termes de destruction d'emplois", a ajouté Abdelkader Choukrane. Au lendemain de l'offre de Bouygues Telecom, Free et Orange, le ministre avait déclaré qu'il serait "extrêmement vigilant" quant à "l'impact sur le prix des consommateurs" en cas de rachat de SFR.

Les syndicats de l'opérateur, qui compte 8.000 employés, ont exprimé depuis plusieurs mois la crainte que la réduction de la dette d'Altice France débouche sur un "projet de démantèlement". L'opération, qui a obtenu l'aval du tribunal des activités économiques (ex-tribunal de commerce), a été contestée par la CFDT, l'Unsa et le CSE. Les trois organisations ont fait appel de la décision, et une audience doit se tenir le 4 novembre.

P.La. avec AFP