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L'accord sur la restructuration de la dette d'Altice France approuvé, SFR bientôt vendu à la découpe?

Logo Altice. Image d'illustration.

Logo Altice. Image d'illustration. - ERIC PIERMONT / AFP

Le tribunal des activités économiques de Paris a approuvé le plan de sauvegarde accélérée d'Altice France, ce lundi 4 août. Un premier pas vers une vente des actifs, notamment le très convoité opérateur télécoms SFR.

Le plan de sauvegarde accélérée d'Altice France, maison mère de l'opérateur SFR, qui renferme un accord de restructuration de la dette du groupe, a été approuvé par le tribunal des activités économiques de Paris, lundi 4 août, selon une décision consultée par l'AFP.

Dans sa décision, le tribunal n'a ainsi pas suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé l'exclusion de trois filiales du groupe dont SFR, à l'unisson des demandes des syndicats.

Une décision à l'encontre des réquisitions du ministère public

Le groupe du milliardaire Patrick Drahi avait échafaudé après un long bras de fer ce plan pour alléger sa gigantesque dette menaçant sa viabilité. L'accord avec ses créanciers prévoit que celle-ci diminue de quelque 8 milliards d'euros, pour passer de 24,1 milliards à 15,5 milliards. En échange, ces créanciers doivent obtenir 45% du capital de l'entreprise.

A l'audience du 22 juillet, le ministère public avait toutefois menacé sa mise en oeuvre, en requérant qu'en soient exclues trois filiales d'Altice France, dont SFR, comme le réclamaient les syndicats.

Dans sa décision consultée par l'AFP, le tribunal des activités économiques (ex-tribunal de commerce) de Paris a finalement validé le plan tel qu'il lui était soumis, en retenant parmi les "garants" d'Altice France les huit filiales de l'entreprise mentionnées dans l'accord conclu.

"La validation par le tribunal des activités économiques de nos plans de sauvegarde ouvre la voie à une restructuration financière massive et inédite, à cette réduction significative de la dette que nous attendions tous", ont déclaré les PDG d'Altice France, Arthur Dreyfuss, et de SFR, Mathieu Cocq, dans un message interne obtenu par l'AFP.

La transaction devrait aboutir entre septembre et octobre, selon le calendrier établi par le groupe.

Les syndicats vent debout

L'opposition des syndicats reste cependant vive. "La décision prise par le tribunal est incompréhensible", a commenté auprès de l'AFP Abdelkader Choukrane, élu au CSE et secrétaire général Unsa. "Nos alertes n'ont pas été écoutées", a-t-il regretté, indiquant que l'Unsa ferait appel de la décision.

La CFDT a indiqué dans un communiqué avoir l'intention d'en faire de même et s'est insurgée "contre la mise à mort annoncée" des entreprises du groupe. Quelques jours avant l'audience du 22 juillet, le comité social et économique (CSE) d'Altice France avait refusé de rendre un avis formel sur le plan de sauvegarde accélérée.

Selon les représentants du personnel, ses sociétés, et notamment SFR, "rentables et solides financièrement, (...) ont été intégrées de force dans un schéma d'endettement dont elles ne tirent aucun bénéfice".

Cet argument a été écarté par le groupe, qui a de nouveau martelé lundi que le plan de sauvegarde était une opération "exclusivement financière, sans aucun impact sur la vie opérationnelle, commerciale, sociale, du groupe".

"Quelque part, le tribunal donne son accord pour la vente de SFR", a néanmoins insisté Abdelkader Choukrane. Selon les représentants du personnel, le plan proposé ressemblait à un "projet de démantèlement" et ils craignent qu'il aboutisse à la vente des filiales et à des suppressions d'emplois.

Dans son message interne envoyé lundi, le PDG d'Altice France a toutefois répété qu'"aucune offre (de rachat), pas même indicative, n'a été reçue à date". Une reprise de SFR par ses concurrents agite le secteur des télécoms depuis plusieurs mois, ces derniers se montrant favorables à une consolidation du marché français qui passerait de quatre à trois acteurs.

"Il y a évidemment des discussions préliminaires entre les opérateurs", avait par exemple affirmé fin juillet le directeur financier d'Orange, Laurent Martinez, à l'occasion des résultats semestriels de son groupe.

SFR vendu à la découpe?

Cette décision ouvre ainsi la voie à une vente à la découpe des actifs d'Altice, à commencer par SFR. Comme le révélait BFM Business début juillet, l'opérateur fait l'objet de nombreuses convoitises de la part de ses concurrents. Bouygues et Free espèrent ainsi se partager le gâteau. Le premier souhaite récupérer les antennes de SFR, tandis que le second lorgne les abonnés SFR Business. Et les deux sont intéressés par les abonnés mobile et box. Le réseau de fibre de SFR intéresse, lui, des fonds d'investissement.

De son côté, Orange surveille les discussions en cours. L'opérateur historique est trop gros pour pouvoir absorber les abonnés de SFR (l'Autorité de la concurrence s'y opposerait) mais il ne compte pas se laisser déborder par Bouygues et SFR dans le cadre de cette opération. "La ligne rouge serait de perdre notre leadership", a prévenu le président d'Orange, Jacques Aschenbroich, sur le plateau de BFM Business, début juillet, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

Quel que soit le résultat de cet éventuel partage, il aboutirait à un retour du marché français des télécoms à trois opérateurs. Et si le président d'Orange a publiquement plaidé pour cette "consolidation", les conséquences pour les clients seront surveillées de près par les autorités et les associations de consommateurs.

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P.L. avec AFP