BFM Business
Assurance Banque

Pourquoi les chiffres sur votre carte bancaire sont appelés à disparaître

placeholder video
D'ici à quelques années, les 16 chiffres apparaissant sur la carte bancaire, la date d’expiration et la clef de sécurité pourraient disparaître des cartes de paiement, afin de faciliter le paiement en ligne, mais aussi de lutter contre la fraude. Des changements qui se mettent en place pas à pas.

En octobre, Visa annonçait avoir franchi la barre des 100 millions de tokens émis en 2024. Une technologie qui s’impose de plus en plus dans le monde du paiement. Elle permettra, à terme, de ne plus mentionner de numéros sur la carte bancaire, mais seulement le nom du propriétaire. Et de payer en renseignant un simple mail.

La tokenisation permet plusieurs usages dans le paiement. Grâce à ce principe, les données sensibles de la carte sont remplacées par un autre numéro (un token) qui associe une carte et un marchand. Concrètement lorsque le client règle son achat, il donne les informations de sa carte (Pan, date d’expiration, CVV) sur la page de paiement. Ces données sont transmises au fournisseur de services de paiement qui fera une demande de tokenisation auprès de Visa, MasterCard ou CB. Ces derniers vont générer un token, c’est-à-dire un numéro qui va remplacer les données sensibles de la carte. Dans le cas où le token est stocké, il sera enregistré pour servir pour de prochains achats.

Lutter contre la fraude et faciliter le paiement en ligne

Pour Sevrine Dagousset, directrice des produits digitaux chez Visa France Belgique, Luxembourg, avec la tokenisation "la fraude est réduite jusqu’à 60%".

Le numéro de carte initial n’est plus accessible en ligne, mais remplacé par un numéro dédié, ce qui permet de lutter contre le risque de fuite de données sensibles en cas de piratage. Autre avantage majeur: la tokenisation permet de faciliter le paiement et le parcours client.

Un des usages de tokenisation, lancé depuis 2017, consiste à faire du paiement mobile comme avec Google Pay, Apple Pay ou Samsung Pay. Le deuxième usage s’appelle le Card on File. Il permet d’enregistrer les informations d’une carte de paiement pour une utilisation future, dans le cas d’un abonnement ou d’un paiement récurrent. Ainsi par exemple sur Spotify ou Voyage SNCF. "Cela fonctionne surtout pour les grands commerçants, car ils peuvent gérer la complexité de la technologie" explique Brice van de Walle, directeur général de Mastercard France.

Click to Pay pour supprimer les frictions du paiement en ligne

Enfin, le troisième usage s’appelle Click to Pay. Son déploiement sera progressif en France. Une fois généralisé, il permettra la disparition du numéro sur la carte bancaire. Cette fois-ci, tous les commerçants seront concernés. Le client n’aura plus à saisir son numéro de carte, mais seulement son adresse e-mail. La carte associée au mail apparaîtra (ou les cartes s’il en a plusieurs) et le consommateur pourra cliquer dessus. L’authentification à deux facteurs permettra d’assurer la sécurité, comme tout paiement à distance.

De l’info, du Sport, de l’humour et de la bonne humeur… Cette année, Charles Magnien, vous accompagnent de 5h à 6h30 lavec sa bande : Géraldine de Mori, Emmanuel Lechypre Alexandre Biggerstaff, Anthony Morel. Parmi les nouveautés une première version de RMC s'engage avec vous et l'équipe de Amélie Rosique, une histoire PJ chaque jour et les indiscrets de la rédaction, sans oublier les chroniques humour d'Arnaud Demanche.
Manu conso : Les escroqueries à la carte bancaire progressent - 11/09
2:58

L’objectif de Click to Pay en e-commerce est de supprimer les frictions liées à la saisie des chiffres, de la date d’expiration et du code sécurisé, afin d’arriver à la même fluidité qu’avec un paiement sans contact dans un magasin en physique avec un niveau de sécurité élevé, comme l’explique Brice van de Walle.

"Le paiement carte en ligne devient aussi fluide et sécurisé que le paiement mobile, en particulier grâce à l'utilisation de la biométrie" confirme Sevrine Dagousset de Visa

Conséquence: le nombre de transactions augmente. Pour Sevrine Dagousset, la tokenisation augmente en moyenne de 4 à 5% les transactions approuvées. Autre avantage, comme le souligne Brice van de Walle, en cas de perte, de vol ou de changement de banque, avec la tokenisation, il ne sera pas nécessaire de s’enrôler à nouveau auprès du commerçant en ligne.

Enfin, avec un token unique par commerçant, la banque sait où la carte est enregistrée. Le consommateur aura donc plus de visibilité et de contrôle et pourra désactiver des abonnements (en respectant les clauses contractuelles).

Un déploiement progressif de Click to Pay en France

En mars 2024, Visa annonce le déploiement progressif de Click to Pay pour les paiements en ligne par carte en Europe à partir de fin 2024. En septembre, c'est au tour du groupement cartes bancaires de l’annoncer, et en octobre au tour de Mastercard. La mise en place sur le terrain est prévue à horizon 2026.

Un lancement qui prend du temps, car pour Sevrine Dagousset de Visa, "il y a tout un écosystème qui doit se mettre en place : les banques pour offrir le service aux consommateurs, les plateformes de paiement et leurs commerçants, en particulier dans un marché avec des réseaux de paiements domestique et internationaux comme la France."

Alors, bientôt la fin des numéros sur les cartes bancaires ?

"On est encore loin des cartes sans numéro" affirme Loys Moulin directeur des projets et marketing au groupement des Cartes bancaires.

"L’objectif de 100% de tokenisation en e-commerce est 2030: nous allons faire en sorte que toutes les banques cadencent leurs efforts pour arriver à cette timeline" confirme Brice van de Walle.

Les cartes bancaires telles que nous les connaissons aujourd’hui "permettent une certaine résilience", c’est-à-dire qu’elles "ne sont pas tributaires d’une panne informatique" explique Loys Moulin. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a "3,3 milliards de carte en circulation dans le monde" rappelle Brice van de Walle. Visa rappelle que les consommateurs qui ne souhaitent pas accéder à un paiement simplifié pourront continuer à saisir leur numéro de carte.

Entre les utilisations classiques de la carte bancaire et l’utilisation des nouvelles technologies, " c’est une cohabitation plus qu’un remplacement" conclut Loys Moulin.

Louise de Maisonneuve