Le groupe Société générale va supprimer 28% de ses agences d'ici à 2025

Conséquence de l'intégration progressive du Crédit du Nord, la disparition annoncée de 700 agences préfigure un inéluctable mouvement de fond. Car, rapportée à sa population, la France compte bien plus d'agences que la moyenne européenne.

Le rapprochement de la Société Générale et du Crédit du Nord a été acté. Il va se traduire par une réduction drastique du nombre des agences réparties sur le territoire national. La direction a prévu de passer d'un double réseau comprenant 2100 agences à un réseau unique de 1500 d’ici cinq ans. Et cela aura évidemment des conséquences sur l’emploi. La CFDT parle de 3 à 5000 emplois supprimés. La direction du groupe ne donne aucun chiffre et elle assure qu’il n’y aura aucun départ contraint, aucun licenciement.

Cette diminution de la présence physique en France n’est pas propre à la Société Générale. Toutes les grandes banques de l'Hexagone ont réduit ces dernières années le nombre de leurs agences. Certaines de façon modérée, comme la Caisse d’Epargne ou la Banque Populaire, (-5% entre 2016 et 2020). D’autres de façon plus radicale à l'instar de LCL (-15% entre 2016 et 2020). On peut néanmoins clairement parler de mouvement de fonds. Un mouvement de fonds qui ne fait que débuter.

Rapportée à sa population, la France compte deux fois plus d'agences que l'Allemagne

Et pour cause. Le maillage du territoire en agences bancaires reste important alors que de moins en moins de Français se rendent plus d'une fois par an dans l'agence où ils ont ouvert leur compte. Parmi ceux qui continuent d'avoir besoin d’un point de contact physique à proximité, figurent essentiellement les commerçants à cause des espèces qu'ils doivent déposer sur leur compte. Ainsi que les Français les plus modestes qui, n'étant pas détenteurs de cartes bancaires, retirent en espèces les aides qu'ils touchent. Mais ces derniers ont très majoritairement leur compte à la Banque Postale.

Par ailleurs la France fait aujourd'hui partie des pays où les banques ont le moins réduit leurs réseaux d'agences. La Banque centrale européenne recense en France plus de 40.000 établissements financiers proposant crédits, retrait et dépôt d’espèces. Rapportée à sa population, cela équivaut à un établissement bancaire pour 1643 habitants. Chez nos voisins allemands, par exemple, il y en a quasiment deux fois moins (1 pour 2924 habitants).

Historiquement cela s'explique. La France compte 4326 bourgs de 2.000 à 10.000 habitants. On comprend mieux pourquoi, par exemple, les quinze Caisses d’Epargne régionales s'appuient encore sur un réseau de plus de 4100 agences. Sauf qu'avec le développement des banques en ligne, des applications bancaires et, bientôt, de l’euro numérique, la cryptomonnaie de la BCE appelée à remplacer -au moins en partie- les espèces, on n’échappera pas à une réduction spectaculaire du nombre des agences.

https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco