Après la vente du Doliprane, Sanofi peut-il continuer à se développer en ne ciblant que les "maladies rares"?

Le logo de Sanofi. - Sanofi
La laboratoire a annoncé hier le rachat de Blueprint Medicines, une biotech américaine spécialiste des maladies rares pour 9 milliards de dollars. La firme américaine commercialise notamment un traitement contre la mastocytose systémique, une maladie de la moelle osseuse très rare.
Cette acquisition "représente un bond en avant stratégique dans nos portefeuilles maladies rares et immunologie", selon le président du groupe, Paul Hudson. Une déclaration qui confirme les orientations stratégiques du groupe: investir massivement dans les traitements de pointe, les maladies orphelines, et se recentrer sur l'immunologie. Des divisions stratégiques qui risquent de limiter l'activité du géant français dans la médecine grand public.
Un tournant stratégique qui pose question
Ce virage, moins de grand public et davantage de traitements de pointe a déjà été négocié quelques mois auparavant, avec la cession de la filliale Opella à un fonds américain. La vente de la filiale qui produisait notamment le Doliprane, mais aussi des médicaments grand public, comme le Maalox avait ému politiques, salariés et opinion publique.
L'opération d'acquisition de Blueprint Medicines fait également suite à une annonce précédente d'acquisition de Vigil Neuroscience Inc, qui développe notamment des médicaments contre la maladie d'Alzheimer.
Selon Frédéric Bizard, économiste, président de l'Institut Santé, la préférence du laboratoire français pour les traitements des maladies rares pourrait poser question, même du point de vue de la rentabilité interne.
"Sur un plan de santé publique, c'est plutôt une bonne chose, mais la question est d'en faire le coeur de sa stratégie et de mettre toute la solidité financière et industrielle de l'entreprise sur cette division."
En réalité, ce recentrage est un moyen de trouver d’autres relais de croissance alors que le médicament vedette du groupe, le Dupixent, notamment prescrit pour le traitement de la dermite atopique ou de l'asthme va tomber dans le domaine public en 2031. Ce seul médicament a généré un chiffre d’affaires de 13 milliards d'euros en 2024, soit le quart des ventes du géant français.