Alimentaire: les industriels demandent à la distribution une augmentation médiane des prix de 4%

C'est reparti pour les négociations entre la grande distribution et les industriels de l'agroalimentaire. Depuis le 1er décembre, la bataille âpre pour les prix fait rage, dans un contexte rendu compliqué par l'absence de Budget et de gouvernement opérationnel.
Pour les grandes marques, impossible de passer outre une nouvelle augmentation des prix.
Sur BFM Business, Nicolas Facon, président directeur général de l'Ilec, association qui regroupe 115 marques (50 milliards d'euros de chiffre d'affaires) indique que le secteur réclame "une hausse médiane de 4%".
Une médiane signifie que la moitié des produits bénéficieraient d'une augmentation inférieure à 4% et que l'autre moitié bénéficieraient d'une hausse supérieure à 4%.
Et de justifier ce niveau de hausse: "en 2022 et 2003, un choc d'inflation a touché tout le monde. Les coûts de production de nos adhérents ont augmenté de 4,5 milliards d'euros sur deux ans alors qu'ils n'en ont répercuté que 3 milliards. Leurs marges ont donc baissé".
"Cette hausse médiane est constituée à la fois de la hausse des matières premières comme le lait, le beurre, la viande bovine, mais aussi le riz, le café. Puis il y a les coûts de production, l'électricité, c'est 74% plus cher qu'en 2021, les salaires ont augmenté de 16% en quatre ans. Donc le discours de la grande distribution de réclamer des baisses de 10 à 15% est complètement décorrélé de la réalité économique", juge Nicolas Facon.
Les centrales européennes d'achats, "c'est pour échapper à la loi française"
Le bras de fer avec la grande distribution est donc plus dur que jamais. D'autant plus que les géants du secteur montrent les muscles avec leurs marques maison, les menaces de déréférencements de produits des grandes marques et le poids des centrales d'achats européennes.
"La délocalisation des négociations à l'étranger pour trois centrales sur quatre nous inquiète vraiment", souligne le responsable.
"Quand on va négocier là-bas, ce ne sont pas groupes mondiaux (de l'agroalimentaire, NDLR) qui y vont, mais les filiales françaises. Le rapport de force est déséquilibré. Massifier les achats, c'est massifier la pression qui est mise sur les industriels".
"Si on n'arrive pas à se mettre d'accord, non seulement vous aurez des répercussions en France mais vous aurez des répercussions en Allemagne, en Espagne... On a un pouvoir de coercition qui est démesuré et qui peut entraîner l'industrie en déflation avec des risques colossaux".
Et de se demander pourquoi "des produits fabriqués en France, qui ne quittent pas le territoire doivent être négociés à Bruxelles ou à Madrid? La réponse est simple: c'est pour échapper à la loi française", assène Nicolas Facon.
D'ailleurs, "plus de 25%" des contrats négociés à travers ces centrales n'ont pas été signés avant la date butoir.
Rappelons qu'Eureca, la centrale d'achats internationale de Carrefour basée en Espagne, a écopé en novembre d'une amende administrative de 10,3 millions d'euros pour non-respect de la date avant laquelle doivent être conclus les contrats avec les fournisseurs agro-industriels du distributeur, a annoncé la Répression des Fraudes en France (DGCCRF).