Les producteurs de fruits victimes de la météo capricieuse des derniers mois

L'année 2024 ne sera pas la plus belle pour les arboriculteurs. Plusieurs d'entre eux déplorent des récoltes faibles liées à une météo particulièrement capricieuse au cours des derniers mois. "Dans un arbre comme ça, il y a trois ou quatre pommes, constate avec amertume Jean-Yves Simonne dont l'exploitation se situe en Seine-Maritime. Je devrais avoir entre 150 et 170 pommes par arbre." L'arboriculteur normand chiffre à 95% ses pertes sur les 13 variétés que compte son exploitation.
Il attribue ces mauvais résultats au réchauffement climatique : "En février-mars, les arbres se mettent en fleur beaucoup plus rapidement donc ils deviennent beaucoup plus vulnérables au changement climatique. Dès qu'on a une gelée au mois d'avril, ils gêlent aussitôt comme ils sont en pleine fleur." Alors que les périodes de gel tardif sont de plus en plus récurrentes, Jean-Yves Simonne voit ses stocks de fruits chuter :
"Je ne serai pas du tout à l'équilibre entre dépenses et recettes et je vais devoir prendre sur ma retraite pour combler le fond de l'exploitation sinon elle coule directement."
Les récoltes de mirabelles ont avancé de 15 jours depuis 20 ans
Le risque climatique existe pour d'autres fruits comme la mirabelle qui arrive de plus en plus tôt et est sur les étals depuis la fin du mois de juillet alors que les récoltes ne commençaient qu'autour du 15 août il y a encore une vingtaine d'années. "C'est un des points les plus visibles du changement climatique : on a une récolte qui globalement, depuis les 20 dernières années, a avancé de 15 jours", explique Quentin Hoffmann, président de l'Indication géographique protégée (IGP) Mirabelles de Lorraine. La cueillette dès la fin juillet "devient finalement la norme". En cause, des hivers doux, qui permettent aux mirabelliers de fleurir plus tôt qu'à l'accoutumée.
"Et on a eu un printemps certes un peu pluvieux, mais avec des températures à peu près normales, donc les fruits ont pu grossir à la vitesse normale" et sont mûrs un peu plus tôt, explique-t-il.
Le mirabellier se plaît en Lorraine depuis son implantation il y a plusieurs siècles. Mais les arbres, très espacés conformément au cahier des charges de l'IGP, sont tributaires de la météo. "On ne pourrait pas abriter le verger du gel", souffle Cécile Blanpied, propriétaire de 18 hectares cultivés. Il faut donc espérer que les jours de gel soient rares, et qu'ils ne tombent pas pendant la floraison.