La production d'abricots explose (+32%), celle de pêches chute (-11%) mais pourtant les prix restent assez stables

Des pêches (photo d'illustration). - Pixabay
Signe annonciateur de l'arrivée de l'été, les abricots français s'installent sur les étals – et ils seront bien plus nombreux que la saison précédente. Environ 109.000 tonnes d'abricots devraient être ramassées dans les vergers français en 2025, un chiffre en hausse de 32% par rapport à l'année précédente, malgré une légère baisse des surfaces en production, et de 14% par rapport à la moyenne des années 2020-2024, selon les dernières estimations du ministère de l'Agriculture.
Dans la vallée du Rhône, où l'on cueille la moitié des abricots français, la production est appelée à croître de 64% par rapport à l'année précédente et de 29% par rapport à la moyenne quinquennale. L'embellie s'observe également dans les régions méridionales d'Occitanie (+11% d'une année à l'autre) et de Provence-Alpes-Côte d'Azur (+3%), où l'on récolte l'autre moitié des abricots français.
Pour les producteurs français, ces prévisions n'ont rien d'une surprise, car ils s'inscrivent dans le sillage d'un très mauvais millésime 2024 qui avait vu la production tricolore dégringoler. "Il y a toujours un phénomène d'alternance d'une année à l'autre", souligne Raphaël Martinez, directeur de l'Association des organisations de producteurs (AOP) Pêches et abricots de France. Plus concrètement, lorsqu'ils ont produit beaucoup de fruits, certains arbres fruitiers "se reposent" la saison suivante, diminuant les rendements potentiels – c'est le cas de l'abricotier.
"Une année tout à fait correcte"
"Avec ce phénomène d'alternance, nous nous attendions à une année record" en 2025, au niveau des 130.000 tonnes récoltées en 2022 et 2023, observe Raphaël Martinez. La pluie a toutefois causé quelques dégâts: les mauvaises conditions météorologiques printanières ont perturbé la floraison et entraîné des chutes de fruits, augurant de rendements moins importants que prévus pour les abricotiers de l'Hexagone. Mais "nous aurons quand même une année tout à fait correcte", note-t-il.
Autres stars de l'été qui commencent à parader sur les marchés, les pêches et nectarines françaises affrontent, elles, des vents contraires. Environ 209.600 tonnes de pêches, brugnons et nectarines devraient être récoltées sur le sol français en 2025, un chiffre en baisse de 11% par rapport à l'année précédente et de 5% par rapport à la moyenne quinquennale, selon le ministère de l'Agriculture. Toutes les régions de production sont concernées, de l'Occitanie (-12% d'une année à l'autre) à la Provence (-9%) en passant par la vallée du Rhône (-15%/-13%).
De même que les abricots, "le potentiel de production a été un peu érodé par les pluies au cours de la floraison", précise Raphaël Martinez, mais "nous restons tout de même sur des niveaux corrects", d'autant plus que l'ensoleillement a été favorable au mûrissement ces dernières semaines. En 2021, lorsque les gelées printanières avaient causé de lourds dégâts sur les exploitations, la production française de pêches et nectarines était tombée sous la barre des 150.000 tonnes.
Des promotions dans les magasins
Pour l'heure, les prix s'affichent relativement stables dans les magasins, en dépit de ces importantes variations de production. "Il y a une pression très forte des consommateurs, qui vont chercher le distributeur le moins cher", et toute flambée des prix serait "corrigée par les distributeurs", précise Raphaël Martinez, au sujet des pêches et des nectarines. Par ailleurs, la saison des pêches et des abricots français est traditionnellement lancée par un effort de promotions pour attirer le regard des consommateurs, et ces promotions "représentent des énormes volumes" d'achats, souligne-t-il.
Selon les données de FranceAgriMer, un kilogramme d'abricots français de calibre 40-45 millimètres se vendait 4,86 euros en moyenne dans la grande distribution au 12 juin 2025, contre 4,31 euros au 13 juin 2024. Pour un kilogramme d'abricots français de calibre 45-50 millimètres, il fallait débourser 4,64 euros, contre 4,47 euros un an plus tôt. Une barquette d'un kilogramme de nectarines françaises se vendait 3,45 euros, contre 3,62 euros au 13 juin 2024. Pour une barquette de pêches françaises, il fallait compter 3,96 euros, contre 3,54 euros un an plus tôt.
Surtout, la météo aura un rôle à jouer. La consommation de fruits estivaux, en particulier pour les pêches, est étroitement liée au soleil et à la température: s'il fait beau et chaud, les Français en mangent. Avec les fortes chaleurs, "tous les voyants sont au vert", avance Raphaël Martinez.