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Coulée par la Chine, la filière du cognac réclame à Bruxelles et Paris un plan d'arrachage de 35 à 50 millions d'euros

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Pékin avait imposé l'an dernier d'importantes restrictions aux importateurs de brandys européens, principalement le cognac, mesure largement perçue comme une réponse à l'enquête antidumping européenne visant les véhicules électriques chinois.

La filière cognac, "plombée" par une enquête antidumping chinoise lancée en riposte à une initiative européenne, a écrit à Bruxelles et Paris pour réclamer le financement d'un plan d'arrachage d'environ 35 à 50 millions d'euros, a-t-on appris jeudi. Pékin avait imposé l'an dernier d'importantes restrictions aux importateurs de brandys européens, principalement le cognac, mesure largement perçue comme une réponse à l'enquête antidumping européenne visant les véhicules électriques chinois.

En juillet, les principaux exportateurs comme Hennessy, Rémy Cointreau et Martell, ont accepté d'augmenter leurs prix pour échapper à une hausse des droits de douane. Alors que ses expéditions ont chuté de 10% depuis un an, l'interprofession envisage un "recalibrage temporaire" des 90.000 hectares du vignoble avec une baisse temporaire des surfaces de 7.000 à 10.000 hectares et, surtout, un arrachage définitif de 3.500 hectares. Et parce qu'elle s'estime victime de la guerre commerciale entre Pékin et l'UE, elle réclame une prime à l'arrachage "en lien avec le préjudice subi", selon Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC).

La filière "a perdu un quart du marché chinois" depuis un an et demi

"On a subi les conséquences de ces décisions. On aimerait bien avoir une aide parce qu'on est un effet collatéral", a-t-il déclaré, ajoutant que la prime, compte tenu du prix de la vigne dans la région, ne peut être inférieure à 10.000 euros par hectare. "Pour nous, l'idéal, ça serait entre 10.000 et 15.000 euros. Si vous faites le calcul, ça fait entre 35 et 50 millions d'euros" environ pour arracher 3.500 hectares, a-t-il poursuivi, faisant valoir que la filière "a perdu un quart du marché chinois sur les 18 derniers mois", et que les 50 millions d'euros qu'elle réclame correspondent à seulement un demi-mois de chiffre d'affaires en Chine avant les restrictions.

Cet arrachage définitif concernerait en particulier les viticulteurs proches de la retraite et ceux qui rencontrent des difficultés financières. Outre l'enquête chinoise et ses conséquences, le cognac pâtit aussi des surtaxes de l'administration Trump aux États-Unis et de la baisse générale de la consommation de vin et spiritueux. La filière, qui réalise la quasi-totalité de ses ventes à l'export, a représenté en 2024 quelque 3 milliard d'euros d'exportations, dont la moitié aux États-Unis (36%) et en Chine (20%), selon les douanes.

OC avec AFP