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Après sa percée aux élections agricoles, la Coordination rurale veut "prouver qu'elle est un syndicat responsable"

Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, à la sortie d'une réunion avec le Premier ministre, François Bayrou, le 13 janvier 2025.

Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, à la sortie d'une réunion avec le Premier ministre, François Bayrou, le 13 janvier 2025. - Bertrand GUAY / AFP

La Coordination rurale est arrivée en tête dans une quinzaine de départements à l'issue des récentes élections aux chambres d'agriculture.

Les "bonnets jaunes" ont gagné du terrain dans le paysage syndical agricole. Revigorée par les manifestations hivernales, la Coordination rurale a réalisé une nette percée lors des dernières élections aux chambres d'agriculture. Le bouillonnant syndicat est arrivé en tête dans quatorze départements, ravissant une dizaine de territoires à l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs. Au vu des premiers résultats départementaux, sa présidente affiche d'ores et déjà sa satisfaction.

Un an auparavant, "nous nous étions fixé l'objectif de dédoubler le nombre de chambres" contrôlées par la Coordination rurale, qui comptait jusqu'à présent trois départements sous ses couleurs, appuie Véronique Le Floc'h, qui ajoute que l'objectif avait été rehaussé au cours des derniers mois. Les militants aux bonnets jaunes, très mobilisés sur le terrain, avaient multiplié les coups d'éclat médiatiques pour faire entendre la voix de l'organisation syndicale.

Une stratégie payante: selon ses propres estimations, en attendant la publication des résultats consolidés par le ministère de l'Agriculture, la Coordination rurale est parvenue à atteindre la barre des 30% au niveau national et "à faire descendre l'alliance FNSEA-JA sous les 50%", se félicite sa présidente auprès de BFM Business. "Nous devenons le premier syndicat agricole" en France, affirme Véronique Le Floc'h, qui fonde son calcul sur la division en deux du score commun de la coalition FNSEA-Jeunes agriculteurs.

"Confort de l'agro-industrie"

Le Sud-Ouest a été le cœur de la bataille électorale pour la Coordination rurale, autour de son solide bastion du Lot-et-Garonne. Mais l'organisation syndicale a également remporté quelques victoires ailleurs dans l'Hexagone. "Nous avons pris la moitié des départements du Centre-Val-de-Loire, une région en partie céréalière, ce qui est un pied de nez à la FNSEA", historiquement puissante dans les campagnes céréalières, renchérit Véronique Le Floc'h.

La percée de la CR cache toutefois quelques échecs. Le syndicat n'a pas réussi à conquérir l'Aveyron, perdant l'élection avec 250 voix de retard, de même dans les Hautes-Pyrénées. "Nous aurions aimé un périmètre un peu plus élargi dans le Sud-Ouest", concède-t-elle. En Bretagne, pourtant fief de Véronique Le Floc'h, la CR n'a pas réussi non plus à gagner de nouvelles positions. Les agriculteurs locaux "n'ont encore pas compris", regrette-t-elle, évoquant le "confort de l'agro-industrie".

"Je suis une vraie compétitrice, perdre une bataille ce n'est pas perdre la guerre", avance Véronique Le Floc'h.

Souvent accusée de populisme et de démagogie par les syndicats concurrents, la Coordination rurale se prépare à assumer les responsabilités dans les chambres d'agriculture conquises, dès lors que les membres du bureau auront été désignés par les nouveaux élus. "On prouvera qu'on est un syndicat responsable", proclame sa présidente, qui précise que le premier combat de la Coordination rurale sera de maintenir au même niveau le nombre d'exploitations dans ces territoires.

Son succès électoral devrait lui donner une voix plus forte au niveau national, et surtout lui assurer une écoute plus attentive dans l'oreille du gouvernement. S'appuyant sur un meilleur rapport de force en sa faveur, la Coordination rurale compte "influer" sur le projet de loi d'orientation agricole (LOA) et les autres projets de loi dans les cartons, promet Véronique Le Floc'h. En l'état actuel, la LOA "nous prive encore de liberté", déplore-t-elle, donnant le ton des prochaines semaines.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV