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Aéronautique

Salon du Bourget: quelles sont les différentes solutions pour décarboner le secteur aérien avant 2050?

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Le retour du salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget a été marqué par la mobilisation de l'ensemble des acteurs du secteur aérien pour atteindre l'objectif de décarbonation à l'horizon 2050.

L'objectif zéro émission de l'aviation civile pour 2050 est-il atteignable? "Absolument" selon Patrick Daher, le commissaire général du salon du Bourget qui était l'invité de la matinale de RMC ce dimanche, journée de clôture de l'événement. "Ce salon a été un salon de renouveau car toute la filière aéronautique française mais aussi européenne et mondiale s’est alignée pour travailler de manière extrêmement forte sur la décarbonation de l’avion et ça se voit partout sur le salon", s'est-il réjoui.

Une ligne directrice qu'a confirmé Augustin de Romanet au micro d'Europe 1 ce matin. "Le fait qu’il n’y ait pas eu de salon pendant quatre ans fait apparaître avec encore plus de force la révolution de l’innovation à l’œuvre dans le monde de l’aérien, estime le PDG du groupe ADP [...] Ce salon du Bourget, c’est celui de l’engagement général de tous pour décarboner le transport aérien."

"Jusque vers les années 2018-2019, le monde de l’aérien pensait qu’il était un peu hors-sol au regard de la décarbonation de notre planète et que la dernière goutte de kérosène serait pour lui."

Trois futures catégories d'avions

L'aviation civile décarbonée s'organisera autour de trois catégories d'avions selon Augustin de Romanet. Sur les plus petites distances, des avions régionaux de 20 à 40 places propulsés par électricité vont faire leur apparition d'ici quelques années. "Dès aujourd’hui, on a des avions électriques qui ont des autonomies de 400 à 500 kilomètres et je pense que nous aurons progressivement des avions avec un plus grand rayon d’action", prévoit-il. Sur les vols moyen-courrier, c'est l'avion à hydrogène qui sera le nouveau modèle phare mais il faudra attendre un peu plus longtemps pour le voir commercialiser.

Enfin, les carburants d'aviation durables, aussi connus sous le nom de SAF, sont la technologie prisée pour décarboner les long-courriers. "Ce sont des carburants qui ne sont pas du pétrole mais des composés de synthèse à partir de matière organique comme des déchets ménagers ou des huiles de friture ou alors des carburants encore plus perfectionnés: des e-fuel qui sont une synthèse entre de l’hydrogène et du CO2 capté soit dans l’atmosphère à l’état naturel soit à la sortie des cheminées d’usine", détaille le patron d'ADP.

"Ces e-fuel qui coûtent encore très chers, 5.000 à 6.000 euros la tonne alors que le pétrole coûte 800 euros la tonne, vont être progressivement industrialisés pour produire des carburants d’aviation durable."

Quels délais de commercialisation?

Si les différents axes de développement permettant de décarboner le secteur aérien sont tous connus aujourd'hui, leur concrétisation ne surviendra pas avant quelques années, voire décennies pour certains. "Pendant 3-4 ans, on va avoir un foisonnement d’idées et de projets partout dans le monde puis les choses vont se resserrer et les lignes directrices technologiques vont se définir, explique Patrick Daher. On aura alors les premiers avions hybrides d’ici la fin de cette décennie.

"On verra les avions plus révolutionnaires dès les années 2035 et on va remplacer les avions entre 2035 et 2050. Les avions à hydrogène entreront en service vers 2050."

Pour atteindre ces objectifs datés, le commissaire général du salon du Bourget insiste sur la mobilisation financière de l'ensemble des acteurs, des Etats aux industriels en passant par les start-up. "Les industriels font appel à des ouvertures de capital, des emprunts alors que les start-ups font du financement d’innovation, indique-t-il. Cette série de financements additionnés va permettre de faire cette transition mais ça va coûter très cher."

Timothée Talbi