BFM Business
Aéronautique

Long comme un terrain de foot: le Windrunner, ce futur monstre du ciel, se dévoile au Bourget (mais en maquette)

placeholder video
Conçu par l'américain Radia, ce futur avion-cargo aura une capacités d'emport record, douze fois supérieure à celle d'un Boeing 747. De quoi par exemple transporter facilement des pales d'éoliennes. Objectif: un décollage en 2029.

C'est le (futur) avion de tous les records. La start-up américaine Radia est venue au 55e salon international du Bourget pour présenter ce qui sera le plus gros avion-cargo de l'histoire aéronautique: le Windrunner.

Même si l'entreprise n'expose qu'une maquette de l'appareil et des simulations, elle affiche ses ambitions pour devenir le leader du fret XXL et sa présence au Bourget doit lui permettre de compléter son écosystème en nouant de nouveaux partenariats financiers, stratégiques et industriels. Car la route vers la production est encore longue.

La maquette du WindRunner présentée au 55e Salon du Bourget
La maquette du WindRunner présentée au 55e Salon du Bourget © Helen Chachaty - BFM Business

En attendant de voir ce monstre voler dans les airs, faisons les présentations. Le Windrunner affiche 108,5 mètres de long (un terrain de foot), 24 mètres de haut et une envergure de 80 mètres. Il est propulsé par quatre moteurs qui pourront être alimentés par des SAF, les carburants dits propres, affirme Radia pour faire taire les polémiques concernant l'empreinte carbone de ce monstre.

Sa capacité d'emport est hors-norme, record, avec une charge utile de 72,5 tonnes, et un volume de soute douze fois supérieur à celui d’un Boeing 747, soit 7.700 mètres cubes, notamment grâce au fait que la cabine est positionnée au-dessus de la soute.

Le WindRunner de Radio face à l'avion cargo Antonov An-124 au Boeing 747-700
Le WindRunner de Radio face à l'avion cargo Antonov An-124 au Boeing 747-700 © Radia

Le Windrunner surclasse ainsi les avions cargo existants comme l'Airbus A300-600ST Beluga et même le mythique Antonov An-225 Mriya qui détenait jusqu'à aujourd'hui le record de taille mais qui a été détruit lors du début de l'invasion russe en Ukraine.

Destiné à des usages civils et militaires, Radia souligne par exemple sa capacité à transporter très aisément des pales d'éoliennes, des pièces surdimensionnés qui peuvent parfois dépasser les 100 mètres de long et qui sont très complexes à transporter, mais aussi des satellites, des engins militaires...

L'avion cargo Windrunner de Radia (rendu 3D) embarquant une pale d'éolienne
L'avion cargo Windrunner de Radia (rendu 3D) embarquant une pale d'éolienne © Radia

Mais la taille est aussi une contrainte puisqu'elle empêche en théorie l'aéronef de se poser sur des pistes courtes. Radia affirme que son bébé échappe à ce problème et pourra atterrir sur des pistes de seulement 1.800 mètres, même non goudronnées. L'idée est en fait de se rapprocher le plus possible des fermes d'éoliennes terrestres, un marché où la start-up américaine est également présente avec WindEnergy.

L'avion cargo WindRunner de radia (rendu 3D)
L'avion cargo WindRunner de radia (rendu 3D) © Radia

L'idée est ainsi de faire jouer à cet appareil "un rôle déterminant dans la lutte contre le changement climatique", explique Mark Lundstrom, fondateur et PDG de Radia.

"Le Windrunner est bien plus qu’un avion: c’est une réponse mondiale à l’un des défis logistiques les plus urgents de notre époque".

Evidemment un tel projet prendra du temps à se concrétiser. Radia n'a pas les capacités industrielles pour produire un tel appareil. Mais il ne s'agit pas non plus d'un simple rêve.

La startup basée à Boulder dans le Colorado a levé 104 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs, soit un fonds d'amorçage. Elle a recruté des ingénieurs issus de Boeing, des techniciens de la Federal Aviation Administration ou encore du secteur des énergies renouvelables.

Des partenariats signés avec Leornado, Aernnova...

De premiers partenariats technologiques ont été signés, notamment en Europe qui est considérée comme un pôle incontournable de l'industrie aéronautique avec une multitude d'entreprises spécialisées. On peut citer les italiens Leonardo (pour le fuselage), Magroup Magnaghi Aerospace ou encore l'espagnol Aernnova qui aura en charge le développement de l’aile et des pylônes du moteur de l’avion, Aciturri Aeronáutica... Autant de partenariats qui illustrent le sérieux du projet.

"L’ampleur et l’ambition du Windrunner sont inédites dans l’aviation moderne", a déclaré María Eugenia Clemente, PDG d’Aciturri. "Nous sommes fiers de contribuer avec notre expertise à cette plateforme transformante et de redéfinir les limites de l’aviation cargo".

Sa présence au Bourget devrait permettre à la startup de renforcer ces collaborations afin de générer selon elle "plusieurs milliards d'euros d'investissements et plus de 4.000 emplois qualifiés dans l'Union européenne". D’autres fournisseurs stratégiques et partenaires d’assemblage final devraient être annoncés, assure-t-on.

"La France est un marché clé pour l’avenir de Radia, non seulement en tant que pôle d’excellence aérospatiale, mais aussi comme partenaire stratégique dans les domaines de l’innovation énergétique et de défense", explique Mark Lemke, Vice-président de la Supply Chain chez Radia. 

Radia annonce un calendrier assez ambitieux: son Windrunner devra être construit, testé et certifié d'ici 2029 avant de lancer la production.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business