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Lanceurs européens: retour sur une année catastrophique après le dernier et 3e lancement de 2023

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Fin d'Ariane 5, report du premier vol Ariane 6 et retard de Vega-C... La série de mésaventures qui touche l'Europe spatiale et ses lanceurs pose la question de la souveraineté du vieux continent dans ce secteur stratégique.

La fusée légère Vega a été lancée avec succès dimanche depuis le Centre spatial guyanais de Kourou, emportant à son bord deux satellites d'observation de la Terre et dix autres petits satellites, dont le nanosatellite Ness du Cnes. Un soulagement alors que son lancement avorté vendredi soir enterrait un peu plus les lanceurs européens et l'indépendance spatiale du continent.

Mais la situation n'en reste pas moins préoccupante puisque cette 23e mission de la famille de lanceur Vega porte à trois le nombre de lancements de fusées européennes en 2023. Un bilan bien maigre, comparé aux 63 vols effectués par SpaceX depuis le début d'année, qui témoigne des difficultés traversées par les Européens.

"Une crise" des lanceurs européens

"Le domaine des lanceurs se trouve dans une situation difficile, pour ne pas dire une crise", affirmait Josef Aschbacher, directeur général de l'Agence spatiale européenne, le 8 février dernier, pendant une audition à l'Assemblée nationale.

Depuis, la situation s'est encore aggravée. L'année a été ponctuée par la fin de carrière d'Ariane 5 en juillet -qui a effectué son 117ème et dernier vol après 27 ans de service-, ainsi que par les retards de ses successeurs, Ariane 6 et Vega-C.

Initialement prévu en 2020, le premier vol d'Ariane 6 devrait avoir lieu l'année prochaine.

"Ariane 6 a connu des retards mais ces derniers jours, il y a eu dans deux théâtres d'opérations différents des étapes décisives qui ont été franchies […] On est vraiment dans la dernière ligne droite d'un vol qui aura lieu en 2024", affirmait le président exécutif d'Arianespace Stéphane Israël, le mardi 12 septembre, sur l'antenne de BFM Business.

La souveraineté européenne menacée

Quant à Vega-C, la fusée de l'Italien Avio, après l'échec de son deuxième lancement, elle ne devrait reprendre le chemin de l'espace qu'au quatrième trimestre 2024, a annoncé l'Agence spatiale européenne (ESA) début octobre.

Avec cette série de turbulences, c'est le principe d'accès autonome à l'espace pour l'Europe qui est remis en cause. Or la souveraineté européenne représente un enjeu économique central, à l'heure où les technologies d'Internet par satellite se développent à vitesse grand V, mais aussi stratégique et militaire.

C'est donc principalement de cette crise dont il devrait être question le 6 novembre prochain à Séville, en Espagne, lors d'une réunion informelle consacrée aux affaires spatiales. Les dirigeants européens devront profiter de cet événement pour tenter de relancer les ambitions du continent en matière spatiale. Et ces dernières pourraient en partie passer par les technologies des mini-lanceurs. Un domaine dans lequel l'Europe affiche un succès récent, grâce à un acteur privé, avec le lancement du premier mini-lanceur réutilisable Miura-1 du groupe espagnol PLD Space ce dimanche.

Nina Le Clerre