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En Suède, Tesla bousculé par une grève qui pourrait faire boule de neige

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Depuis la fin du mois d’octobre, les salariés des ateliers de réparation suédois de Tesla ont débrayé, suite au refus du constructeur de signer une convention collective sur les salaires. L'étau se resserre autour d'Elon Musk, connu pour sa hantise des organisations syndicales.

Cela fait bientôt trois semaines que les mécaniciens de Tesla sont en grève. Ils ont été rejoints par les dockers des ports suédois de Malmö, Södertälje, Göteborg et Trelleborg, qui ne déchargent plus les voitures du constructeur californien. Au cœur du conflit: le refus de Tesla de signer une convention collective, qui garantirait à ses salariés un minimum salarial. La pratique est pourtant extrêmement répandue dans le pays, où 90% des salariés sont couverts par des accords collectifs.

Les négociations sont aujourd’hui rompues entre Tesla et le syndicat IF Metall, à l’origine de la grève.

"La direction de Tesla ne nous a donnés aucune bonne raison pour justifier leur refus de signer", explique Jesper Pettersson, porte-parole du syndicat IF Metall. "La seule chose qu’elle nous ait dite, c’est qu’une convention collective n’était pas compatible avec le business model de l’entreprise."

Elon Musk, un patron anti-syndicat

La direction suédoise de Tesla, de son côté, estime qu’elle "adhère aux règles du marché du travail" du pays.

"Nous proposons déjà des accords équivalents ou meilleurs que ceux couverts par les négociations collectives et nous ne voyons aucune raison de conclure un accord", affirme-t-elle.

Reste qu’Elon Musk est connu pour sa hantise des syndicats. Le cofondateur de Tesla a toujours tout fait pour réfréner les tentatives d’organisation de ses 127.000 employés à travers le monde. Avec plus ou moins de succès. Aux États-Unis, aucun de ses salariés n’est syndiqué.

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En Allemagne, où le constructeur emploie 11.000 personnes dans son usine de Grünheide, dans le Brandebourg, IG Mettall commence à peine à poser ses pions. Environ 1.000 travailleurs auraient rejoint le syndicat ces derniers mois, marqués par de nombreuses polémiques dans l’usine. Selon des documents révélés par le magazine Stern, les accidents de travail y seraient quasi quotidiens.

Les salariés de Tesla sous pression

Les conditions de travail des salariés de Tesla sont de plus en décriées, en Allemagne, mais aussi aux États-Unis, et la Suède semble ne pas faire exception. "Certains de nos membres nous disent qu’ils subissent beaucoup de pression de la part de la direction. Ils ont des objectifs à atteindre et sont moins bien payés s’ils n’y parviennent pas", glisse ainsi Jesper Petterson.

"Nos membres qui travaillent chez Tesla n’ont pas les mêmes conditions de travail que leurs collègues qui travaillent dans d’autres ateliers de réparation automobile et qui sont couverts par des conventions collectives. Ils n’ont pas les mêmes assurances, ni les mêmes retraites. Ils sont aussi moins bien rémunérés", ajoute le porte-parole d’IF Metall.

Alors que d’autres ports suédois pourraient rejoindre le mouvement cette semaine, Jesper Pettersson dit se préparer à un "long conflit". S’il insiste sur le fait que cette grève est avant tout un problème suédois, il reconnaît avoir reçu de nombreuses marques de soutien de la part de syndicats dans le monde. La bataille des salariés suédois en fait rêver plus d’un. Shawn Fain, le leader de la récente grève automobile aux États-Unis, ne s’en cache d’ailleurs pas. Son prochain combat, dit-il, sera de syndiquer les salariés américains de Tesla.

Justine Vassogne