En France, on a plus de chance de rester pauvre ou de rester riche qu'aux Etats-Unis

Les riches ont plus tendance à le rester en France qu'aux Etats-Unis. - Ron Lach/Pexels
Les revenus d'un individu pendant une année donnée déterminent fortement ceux qu'il aura près de deux décennies plus tard, selon une étude de l'Insee publiée mercredi qui confirme la faiblesse de la mobilité sociale à l'échelle d'une vie en France.
En comparant les revenus des mêmes personnes sur la période 2003-2019 à partir de données fiscales, l'Insee constate que la position des individus dans l'échelle des revenus en 2019 est proche de leur position en 2003.
L'inertie est particulièrement forte en bas et en haut des revenus: parmi les 20% les plus aisés et les 20% les plus modestes, près des deux tiers des individus restent dans la même catégorie.
"Parmi les 20% les plus modestes en 2003, 2% seulement effectuent une mobilité très ascendante vers les 20% les plus aisés", note l'Insee.
Cette mobilité est beaucoup plus faible que la mobilité intergénérationnelle, qui compare les revenus d'un jeune adulte à ceux de ses parents. "Les revenus d'un individu sont ainsi beaucoup moins corrélés aux revenus de ses parents qu'à ses propres revenus 16 ans plus tôt", en déduit l'institut.
L'immobilité est également forte en haut des revenus: 41% des individus des 1% les plus aisés le sont aussi 16 ans plus tard.
Plus de chance de s'enrichir aux Etats-Unis
Pour mesurer le degré de mobilité en France, l'Insee l'a comparé avec les Etats-Unis où des études similaires sont réalisées. Dans ce pays, l’étude la plus proche date de 2013 et mesure la mobilité des individus selon le revenu sur 20 ans.
Les auteurs de cette étude estiment que la persistance des individus dans les hauts revenus est de 48% dans le plus haut cinquième (contre 62% en France), 40 % dans le plus haut dixième (55% en France) et 24 % dans le plus haut centième (38% en France).
La mobilité très ascendante est également plus élevée aux États-Unis qu’en France avec 5% des plus pauvres qui accèdent à la catégorie des plus riches contre 2% en France. Cette comparaison suggère que la mobilité tout au long de la vie est plus élevée aux États-Unis qu’en France et ce dans toutes les directions.
L'Insee avance plusieurs explications à cette faible mobilité des revenus en France par rapport aux États-Unis, comme "la forte dépendance de la carrière professionnelle au diplôme initial, l'inégalité d'accès à la formation professionnelle ou encore les coûts de la mobilité géographique".
La mobilité est plus forte pour les jeunes et les indépendants. Elle varie aussi selon le lieu de vie.
L'Île-de-France se caractérise ainsi "par des mobilités très ascendantes et très descendantes relativement plus fréquentes que dans les autres régions, ainsi que par une plus forte persistance parmi les 20% les plus aisés combinée à une persistance faible parmi les 20% les moins aisés".
Les départements d'outre-mer se distinguent également "avec une inertie particulièrement élevée, que ce soit parmi les plus aisés ou parmi les moins aisés".