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Que risque-t-on à mentir sur son CV?

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Mentir sur son CV est une pratique répandue. Pourtant, les risques juridiques et professionnels sont nombreux.

Enjoliver son CV est un réflexe qui peut paraître anodin: gonfler un peu ses compétences, se décrire comme un pro d’Excel ou comme un parfait bilingue… Autant de petits mensonges qui ne sont pas rares dans les CV envoyés aux recruteurs. Selon une étude, deux candidats sur trois mentiraient délibérément sur leur CV.

Une pratique qui, si elle semble anodine, peut avoir des répercussions sérieuses, tant pour les employeurs que pour les candidats eux-mêmes. En effet, ce qui peut sembler être un simple embellissement peut s’apparenter à une "fraude à l’embauche" et donc coûter cher à une entreprise: jusqu’à 150.000 euros selon certaines estimations, en cas de recrutement raté.

Une pratique répandue mais très risquée

Les tentatives de fraude sur le CV sont par ailleurs de plus en plus souvent démasquées grâce aux outils relationnels et technologiques. "Nous avons des techniques pour détecter les mensonges, comme la prise de références ou la vérification des diplômes en ligne", explique Jenny Gaultier, recruteuse au Mercato de l’Emploi, sur le plateau de BFM Business Avec Vous. Une incohérence entre un CV et un profil Linkedin peut également alerter les recruteurs.

J'ai recruté un salarié et je viens d'apprendre qu'il a menti sur son CV : Puis-je le licencier ?
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Mais si le mensonge n’est pas détecté dès l’embauche, le candidat pourrait finir par être quand même choisi par l’entreprise… et être démasqué quelques temps après. Avec de lourdes conséquences.

"Une des obligations principales d’un salarié dans une relation de travail est l’obligation de loyauté", rappelle Blaise Deltombe, avocat associé en droit social chez Joffe & Associés.

"Cette obligation est immédiatement violée si le candidat ment sur ses compétences ou diplômes", souligne l’expert de BFM Business Avec Vous.

Si l’employeur découvre un mensonge de ce type, il peut licencier le salarié pour cause réelle et sérieuse, voire engager une rupture du contrat de travail si le poste occupé nécessite les compétences falsifiées. Le salarié se retrouve donc sans emploi et avec une réputation ternie.

Mentir sur son CV, une manière de se protéger?

Malgré les risques encourus, les candidats choisissent de mentir pour cacher ce qu’ils perçoivent comme des faiblesses. "Souvent, un candidat va mentir parce qu’il n’est pas à l’aise avec certaines parties de son expérience, comme une période d’inactivité ou une succession de CDD, qui peuvent être perçues négativement", explique Jenny Gaultier. Parfois, il s’agit de mentir pour éviter d’aborder des sujets sensibles. Par exemple, beaucoup de candidats préfèrent ne pas mentionner un handicap, par peur d'être discriminé.

BFM : 16/02 - Happy Boulot : 47% des managers ont déjà exclu un candidat qui avait menti sur son CV
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Dans un marché de l’emploi souvent très compétitif, certains candidats ressentent aussi une forte pression pour se conformer aux attentes des employeurs. "Les candidats ne sont pas toujours formés à bien présenter leur parcours", explique Caroline Pailloux, PDG d'Ignition Program. Mais il y a des solutions pour savoir vendre même les parties moins valorisantes de son parcours ou de son profil.

"Raconter son histoire, que ce soit dans son CV ou lors d’un entretien, s’apprend et se travaille", conclut Caroline Pailloux.

Plutôt que de gonfler ses compétences, les candidats peuvent mettre l’accent sur leurs réalisations concrètes et leur potentiel. "Le but d’un CV, c’est de raconter une histoire", conseille Jeanny Gaultier. "Le recruteur a aussi une responsabilité dans l’accompagnement des candidats pour mieux structurer leur CV et leur expérience."

Lucas Dusoulier et Annalisa Cappellini