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J'ai menti sur mon CV: mon employeur peut-il me licencier?

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Amplifier son niveau de formation, exagérer son expérience, enjoliver ses compétences...Mentir sur son CV au moment de la recherche d'emploi n’est pas forcément un motif de licenciement suffisant, selon la Cour de cassation.

Remplir une page, format A4. Le défi n’est pas toujours aisé pour tous ceux qui recherchent un emploi. Quelques lignes seulement dans les catégories “expérience” ou “formation” peuvent donner le sentiment d’un parcours lacunaire. Surtout si la rubrique “loisirs” est, elle, bien plus fournie.

La tentation de tricher un peu est donc grande: arranger une date de prise ou de fin de poste, combler un trou sur le CV ou enjoliver le titre de sa fonction dans une ancienne entreprise. Un petit jeu vraiment risqué?

“Licencier un employé qui aurait menti au moment de son embauche est possible, mais l’employeur devra d’abord se justifier”, explique Audrey Sanchez, avocate au cabinet Jeantet.

La charge de la preuve revient donc au patron trompé par le Curriculum Vitae d’un candidat: “Il faudra que l'employeur démontre qu'il y a bien eu un mensonge, que ce soit sur le diplôme, la formation, l'expérience, mais aussi qu’il démontre que sans ce mensonge, il n'aurait pas embauché le candidat”. Des éléments pas toujours simples à réunir pour un supérieur hiérarchique. Le bénéfice du doute revient donc au salarié.

Jusqu'au licenciement pour faute grave

Néanmoins, gare au mensonge trop gros. Et facilement vérifiable! Être pris la main dans le sac peut vous coûter cher. L’échelle des sanctions encourues s’étend jusqu’au licenciement pour faute grave. Un couperet qui peut tomber sans préavis pour le salarié et qui le prive de l’indemnité de licenciement.

Un cas extrême utilisé quand le mensonge du candidat lauréat a des conséquences sur son poste et pour l’entreprise: un chirurgien qui n’aurait pas de diplôme de médecine, par exemple.

L'employeur doit démontrer la triche du candidat

À l’inverse, “la jurisprudence est plutôt favorable aux salariés puisqu'elle estime que s'il y a eu un mensonge dans le CV notamment sur les diplômes détenus, mais que le collaborateur a les compétences effectives pour exercer ses fonctions, un licenciement n’est pas justifié”, détaille l’avocat Audrey Sanchez dans l’émission Avec Vous.

Mais tous les candidats à un poste ne trichent pas. Bien au contraire. Et la tendance à diminuer son expertise existe aussi. Un phénomène qui touche particulièrement les femmes. C’est ce qu’observe Marlène Schiappa, l’ex-secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.

BFM Business avec vous : Mensonge d'un collaborateur, que faire ? - 04/06
BFM Business avec vous : Mensonge d'un collaborateur, que faire ? - 04/06
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“J'ai entendu des femmes de plus de 50 ans qui me disaient qu'elles étaient [surqualifiées] et qu'on leur disait qu’elles avaient trop d'expérience, trop de responsabilités. Résultat, elles minimisaient leurs responsabilités pour pouvoir retrouver un travail”, témoigne la désormais présidente de l’ONG Actives.

Si vous êtes tenté par un petit arrangement avec la vérité, sachez que les principes de loyauté et de bonne foi sont considérés comme des valeurs inhérentes de l’exécution du contrat de travail, contrairement à la notion de mensonge, qui n’existe pas dans le code du travail.

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Mathilde Chaminade et Sofiane Aklouf