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Vie de bureau

"Le premier jour, j'ai avoué que j'avais déjà dormi en réunion et fumé du cannabis": ces salariés racontent leurs faux-pas gênants dans un nouveau job

Des salariés traversent le parvis de La Défense, à l'ouest de Paris.

Des salariés traversent le parvis de La Défense, à l'ouest de Paris. - Florian David - AFP

Tutoyer le patron, venir en sweat alors que tout le monde est en costume, s'assoir à la place habituelle d'un collègue... Les bourdes sont vite arrivées lors des premiers jours dans un nouveau job. Le monde de l'entreprise est plein de codes informels et implicites. Voici les meilleurs conseils pour éviter les impaires.

Il faut savoir lire le sous-texte. Comme dans la vie, le quotidien au bureau est régi par nombre de codes implicites. Des habitudes, des manières de faire, qui ne sont pas toujours explicitées, mais qu'il est important de savoir déchiffrer, au risque de commettre quelques faux pas.

Comme Louise* lorsqu'elle a commencé un nouveau job dans une start-up. "Dans mon ancienne boîte, le midi chacun faisait sa pause déjeuner quand il pouvait, on ne partait pas tous ensemble", se souvient la social media manager.

Quand ses nouveaux collègues lui demandent lors de son premier jour si elle veut aller chercher quelque chose à manger, elle répond qu'elle finit quelque chose et qu'elle ira juste après. "Au bout de 15 min, l'un d'eux est remonté, il m'a dit : 'Bon alors, tu as fini? On t'attend tous en bas!'", raconte-t-elle.

"J'étais ultra-gênée, je n'avais pas compris qu'ils allaient m'attendre."

Un flex-office pas si flex

"La culture d’entreprise, c'est tout ce qu’on partage dans une organisation: les valeurs, les habitudes, les coutumes, les codes et notamment les codes vestimentaires", explique Caroline Diard, maître de conférence en management et ex-DRH.

"Normalement, ces habitudes sont censées être expliquées pendant le processus de recrutement ou pendant la phase de onboarding les premiers jours. Et évidemment, vous avez le droit de poser des questions", recommande-t-elle.

Mais parfois, les règles informelles ne se révèlent qu'à l'usage. Ainsi lorsque Louise s'installe à un bureau au hasard dans l'espace de coworking loué par sa boîte, elle ne s'imagine pas qu'elle vient de commettre un impair. Normalement, il n'y a pas de places attitrées, mais lorsque son collègue arrive, il fait remarquer à voix haute que "sa" place est prise.

"Dans une boîte en full-remote, où il y a rarement les mêmes personnes au co-working, c'est encore plus difficile de comprendre le fonctionnement collectif", témoigne Louise.

Sweat-baskets VS costume-cravate

Alors pour éviter les petites bourdes des premiers jours, Caroline Diard a un mantra: l'observation. "Le premier jour, il faut faire profil bas et être à l'écoute des signaux forts et faibles", conseille-t-elle. Elle cite notamment les logiques d'emplacement dans l'espace de travail, les vêtements, les manières de parler, de dire bonjour, les pauses déjeuner ou pauses café...

"Vous devez aussi essayer d’identifier les circuits d’informations informels, les affinités entre les uns les autres. Qui interagit avec qui? Qui a des liens très forts avec qui?"

Alors qu'elle était encore DRH, elle se souvient du cas d'un salarié en décalage complet avec ses collègues. "L'entreprise avait des codes très classiques, c'était vouvoiement, costume sombre et cravate", raconte-t-elle.

"Et pour son premier jour, ce jeune homme est arrivé en baskets rouges, sweat violet, il avait une crête et il s'est mis à tutoyer tout le monde, même le patron."

Après plusieurs remarques, le salarié ne change pas de comportement. "Pire, il demande à rencontrer tout le monde, et se comporte avec eux comme un supérieur hiérarchique", se souvient-elle. "Finalement le problème ce n'était pas la crête ou le sweat, c'est qu'il n'a pas compris le fonctionnement de l'entreprise et il ne s'est pas adapté", conclut la spécialiste.

Mieux vaut anticiper les impairs

Ce qui est en jeu ici, c'est la première impression que vos collègues et votre manager auront de vous. Ils n'ont pas encore eu le temps d'apprécier la qualité de votre travail, l'image qu'ils se feront de vous reposera donc sur d'autres aspects (politesse, ponctualité, envie d'apprendre...).

Il faudra donc éviter de faire comme Paul*, lors de son stage dans une grande entreprise du CAC 40. "C'était ma deuxième semaine, ils m'avaient laissé faire du télétravail pour partir en week-end à la mer avec ma famille. J'avais tout: l'ordinateur, le câble... Le jour J, je me rends compte que j'ai oublié la carte que je dois insérer pour déverrouiller la session", raconte-t-il, honteux de son étourderie.

Enfin, il est également conseillé de doser les informations personnelles que vous partagez avec vos nouveaux collègues, en tout cas au début. Louise a eu la sensation d'en avoir trop dit lors d'un afterwork autour d'un verre lors de son premier jour. "Mes collègues ont lancé un jeu, il fallait confier des choses un peu honteuses. J'ai avoué que j'avais déjà dormi pendant une réunion ou que j'avais déjà fumé du canabis au travail", raconte-t-elle.

"Eux n'avaient pas de tabous, mais ils se connaissent depuis longtemps. Moi j'ai regretté d'avoir avoué des choses comme ça juste pour faire partie de la dynamique de groupe", explique-t-elle a posteriori. Maintenant, quand je ne réponds pas dans la minute sur Slack, j'ai peur qu'ils pensent que je dors."

"Au début, il vaut mieux être prudent et classique", résume Caroline Diard, "quitte à ajuster par la suite".

* Les prénoms ont été modifiés

Marine Cardot