En Ile-de-France, la part des télétravailleurs a doublé depuis le début de la crise Covid

Si au niveau national, moins d'un Français sur trois déclare télétravailler "au moins une fois par semaine" contre 51% des Allemands, 50% des Italiens, 42% des Britanniques et 36% des Espagnols, la situation est très différente si on se penche sur la région Ile-de-France.
Selon la dernière enquête* de l'Institut Paris Région, 42% des franciliens télétravaillent régulièrement, 2 à 3 jours par semaine pour la moitié d'entre-eux. C'est deux fois plus qu'avant le début de la crise sanitaire. 58% des actifs franciliens n’ont pas télétravaillé. Ce sont généralement des personnes qui ne peuvent exercer leur emploi à distance.
"Alors que les actifs franciliens n’étaient que 20% à télétravailler avant la crise de la Covid-19, 42% ont pratiqué le télétravail régulièrement entre août 2020 et août 2021.
Plus répandu dans les grandes entreprises
Le rythme s’est également intensifié: plus de la moitié (51%) des télétravailleurs font 2 à 3 jours de télétravail par semaine, soit deux fois plus qu’avant le début de la crise sanitaire, et parmi les télétravailleurs, seulement 1 sur 10 le pratique moins d’un jour par semaine, contre 1 sur 4 auparavant", peut-on lire.
Sans surprise, plus l'entreprise est grande, plus le télétravail est pratiqué. Ainsi, les structures de 1 à 10 salariés comptent 33% de télétravailleurs, et celles de plus de 250 salariés 47%. Mais quelle que soit la taille, la pratique a progressé, notamment parmi celles de plus de 250 salariés.
Le télétravail est aussi plus fréquent dans le secteur privé que dans le secteur public (45%, contre 31%) du fait de la nature des professions.
En Ile-de-France, les cadres sont les plus concernés par le télétravail. Avant la crise sanitaire, 34% d’entre eux le pratiquaient déjà, soit presque le double que la moyenne des autres catégories socioprofessionnelles. Ils sont désormais 64% à le pratiquer, soit encore une fois un quasi-doublement. C'est quatre fois plus que les employés et trois fois plus que les professions intermédiaires.
Un cadre mouvant
Parmi les cadres, les femmes télétravaillent davantage que les hommes, et les cadres d’entreprise et les professions de l’information, des arts et des spectacles davantage que les chefs d’entreprise ou les professeurs. "La crise a permis à de nouvelles professions et à des salariés dont les managers étaient réticents au télétravail d’y accéder", souligne l'enquête.
Côté secteurs d'activité, c'est dans les "services supérieurs" (finance, assurance, information, communication, activités immobilières, support aux entreprises) que le télétravail est le plus massif (67% des actifs le pratiquant), devant les arts et les services domestiques du secteur privé (commerce, hébergement, restauration, services aux ménages).
Pour autant, si la pratique s'est intensifiée, elle s'est souvent faite dans le désordre. "Certaines entreprises instaurent le télétravail par e-mail simplement, les changements intervenant si besoin au fil de l’eau, notamment en fonction de la situation sanitaire. Dans de nombreuses entreprises, des négociations sont en cours. Des avenants au contrat de travail ont, dans certains cas, été signés" peut-on lire.
Par contre, les employeurs ont compris l'importance de l'équipement pour télétravailler dans de bonnes conditions. "La majorité des interviewés dispose d’un équipement informatique fourni par l’entreprise. Les employeurs ont souvent mis à disposition un casque voire un deuxième écran pour des professions où celui-ci était indispensable, avec de rares exceptions" souligne le rapport. 80% des salariés interrogés se disent satisfaits du matériel fourni.
40% des Franciliens en veulent plus
Mais un des prochains problèmes à régler sera celui du coût de l'énergie, "les contreparties financières accordées par les employeurs étant généralement jugées assez faibles". D'ailleurs, 7% des actifs pratiquent le télétravail en dehors du domicile dans un espace dédié.
Malgré cela, les Franciliens plébiscitent le télétravail, 40% veulent même augmenter encore sa part (dont 37% avec 4 à 5 jours de télétravail), tandis que 53% souhaitent qu'il soit maintenu en l'état. Seulement 7% des salariés interrogés plaident pour une réduction du télétravail.
Conclusion des auteurs: "quoi qu’il en soit, pour le travail de bureau, le travail en présentiel intégral semble désormais relever d’une époque révolue". Même si "à long terme, l’incertitude demeure sur l’intensité de télétravail qui sera proposée par les employeurs ainsi que sur les impacts de cette pratique sur la géographie des emplois, l’organisation des lieux de travail, le marché du travail et les tensions qui pourraient en résulter entre métiers télétravaillables et métiers exigeant une présence sur site".
*Enquête quantitative confiée à Médiamétrie, qui a interrogé du 8 au 28 juillet 2021 un échantillon de 4.200 individus âgés de 18 à 75 ans représentatifs de la population résidant en Île-de-France, dénommés les enquêtés dans cette note ; 30 télétravailleurs s’exprimant sur leurs ressentis sur le télétravail lors d’entretiens réalisés par Stratégir en octobre 2021, dénommés les interviewés dans cette note.