4 conseils pour réagir si un collègue fait une "blague" sexiste au bureau

Depuis 2015, les blagues sexistes sont considérées par le code du travail comme des agissements sexistes. - Kaboompics - CC
Ce sont des situations professionnelles où il est très difficile de réagir. Lorsqu'un collègue lance à la volée, en réunion ou à la pause-déj, une remarque clairement sexiste, pour faire rire l'assemblée. Et c'est encore plus dur lorsqu'il vous vise personnellement.
Ces blagues "participent à véhiculer des stéréotypes sexistes et excluant pour les minorités de genre", explique l'organisme Cali et Gali, qui propose des formations pour l'égalité et l'inclusion au travail. "80% des femmes déclarent vivre des violences sexistes au travail et les blagues sexistes au travail jouent un rôle important dans cette réalité", peut-on lire sur son site.
"Depuis 2015, elles sont considérées par le Code du travail comme des agissements sexistes", précise Cali et Gali.
L’article L. 1142-2-1 du Code du travail dispose ainsi que "nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant".
Que vous soyez témoins ou victimes, voici 4 conseils pour réagir face à ces remarques qui n'ont pas leur place au travail.
• Ne pas rire
C'est la première étape. "Ne pas rire aux blagues sexistes, c’est refuser de les valider", explique dans un post Linkedin Rachel Wadoux, fondatrice de Point médian, un organisme qui propose des formations pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail.
• Demander de répéter ou de préciser
Ne pas laisser couler et réagir permet selon Rachel Wadoux de "faire comprendre d’emblée à l’autre que vous n’êtes pas de connivence avec lui". Pour cela, la formatrice conseille de demander de répéter: "Je n'ai pas bien compris, qu'est-ce que tu as dis?"
Mieux, vous pouvez demander de préciser: "Qu'est-ce que tu cherches à nous faire comprendre avec cette remarque?" ou "Je ne comprends pas, tu peux expliquer ce qu'il y a de drôle là-dedans?"
"Rien n’est plus déstabilisant que de s’entendre dire 'Pourquoi tu dis ça?' ou 'Qu’est-ce que tu veux dire par là?'", assure Rachel Wadoux.
On vous accusera peut-être de manquer d'humour. La formatrice conseille donc de préparer une petite phrase de répartie, comme "Je ne ris aux blagues que lorsqu'elles sont drôles".
• Poser des limites
Outre la réaction à chaud, il peut être intéressant d'en reparler une fois l'incident clos. Selon Rachel Wadoux, une solution peut ainsi être "d'engager le dialogue avec la personne à l’origine des propos sexistes pour susciter une prise de conscience sur l’impact du sexisme".
C'est aussi l'occasion de poser vos limites avec des phrases comme "Les blagues sexistes me mettent mal à l'aise, on peut éviter s'il te plait?" ou "Je préfère que tu ne fasses plus ce genre de remarques".
"Si vous sentez votre interlocuteur à l’écoute, partager une expérience vécue, pour illustrer en quoi ces propos sont blessants pour vous et pour les autres", conseille-t-elle également.
• Signaler
Si vous ne vous sentez pas à l'aise pour en discuter directement avec lui, vous pouvez aussi signaler les propos ou comportements sexistes. Vous pouvez en parler "à votre manager, aux RH, au CSE ou à votre référent·e sexisme et harcèlement sexuel" conseille Rachel Wadoux.
"Non, vous ne serez pas une balance: les agissements sexistes au travail sont interdits, les employeurs doivent les faire cesser et les prévenir", précise la juriste.
Il ne s'agit évidemment pas de mettre la pression sur les victimes. "Ces astuces sont un point de départ. Il n’y a pas de réaction parfaite", tient à préciser Rachel Wadoux, qui insiste sur le rôle des témoins pour faire cesser une ambiance de travail sexiste.