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Travail le dimanche : la loi doit-elle être changée?

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Bricorama va devoir payer une amende record de 18 millions d’euros pour avoir ouvert ses magasins le dimanche sans autorisation. L’enseigne annonce un pourvoi en cassation, et relance le débat : faut-il autoriser tous les magasins à ouvrir le dimanche ?

Dimanche, pour la première fois depuis longtemps, l'ensemble des Bricorama d'Ile-de-France seront fermés.
Après la lourde peine confirmée mercredi par la Cour d'appel de Versailles, la direction de l'enseigne ne veut prendre aucun risque malgré l’annonce de son pourvoi en cassation.
Bricorama pourrait devoir payer 18 millions d'euros d'amende pour ne pas avoir respecté la loi sur le travail le dimanche en ouvrant 32 de ses magasins en Ile de France, à la suite d'une plainte déposée par le syndicat FO. Pendant ce temps, certains de ses concurrents, eux, font le plein de clients, regrette la direction de Bricorama.

« Si on m’enlève le dimanche, je n’ai plus de revenus fixes »

L'un des plus importants de ces 32 magasins concernés est celui de Boulogne Billancourt dans les Hauts-de-Seine. Son responsable, Vincent Dumont, estime que « ça représente une perte financière de 15%. Le dimanche est une très grosse journée, les clients viennent en famille, quand vous avez le temps vous dépensez plus que quand vous êtes pressé ». Au-delà des clients, ce sont aussi les salariés qui vont en subir les répercussions. Ils sont une quinzaine à être menacés de perdre leur travail, en majorité des étudiants comme Anne, 22 ans, pour qui Bricorama permettait « de gagner entre 700 et 800 euros. J’ai déjà cherché près de chez moi, les autres ne sont pas ouverts le dimanche. Si on m’enlève le dimanche, je n’ai plus de revenus fixes ». Dernier sujet d’inquiétude des salariés, si l’amende de 18 millions d’euros est confirmée, leur PDG a prévenu qu’il ne pourrait pas verser de prime d’intéressement.

« C’est un gros plus pour le pouvoir d’achat »

« Il faut modifier la loi et l’élargir, plaide Olivier Bouveri, le président de l'association de salariés Génération Plan de Campagne, une immense zone commerciale des Bouches-du-Rhône autorisée à ouvrir. Si on ne veut pas travailler le dimanche, on dit non à son employeur. Si en revanche, on veut travailler le dimanche, on dit oui, et on est assorti à une majoration de salaire, qui équivaut à environ 300 à 350 euros de plus par mois. La vie est dure aujourd’hui, donc oui, c’est intéressant d’élargir la loi, car c’est un gros plus pour le pouvoir d’achat de beaucoup de ménages ».

« Toute la France n’a pas besoin de travailler le dimanche »

En revanche, estime l'ancien député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Mallié et rapporteur du texte sur le travail le dimanche en 2009, « il n’y a pas besoin de modifier la loi ». Oui pour une ouverture dans certains cas, mais il estime qu’il faut garder des limites. « Je n’ai jamais été favorable à une ouverture totale, dans toute la France, et pour tout le monde. Je reste favorable à ce qu’on appelle le repos dominical. Toute la France n’a pas besoin de travailler tous les dimanches, et toute la journée du dimanche ».

M. Chaillot avec Céline Martelet