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Emploi

Suisse: taux de chômage sous les 2%, au plus bas depuis deux décennies

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Le taux de chômage dans le pays atteint un plus bas de 22 ans. Les pénuries de main d'oeuvre font rage.

Le taux de chômage en Suisse est resté inchangé en juin pour s'établir comme en mai à 1,9%, se maintenant ainsi à son plus bas niveau depuis fin 2001, dans un contexte de forte pénurie de main d'oeuvre, constatent les agences de placements.

Fin juin, 85.099 personnes étaient inscrites au chômage, soit 2977 de moins qu'en mai, sans que ce léger repli n'ait d'incidence statistique, selon les relevés du ministère de l'Economie publiés vendredi.

Le chômage des jeunes a reculé de 1,2% par rapport au mois précédent. Celui des plus de 50 ans a diminué de 4,3%, détaille le ministère dans un communiqué. Sur un an, le chômage en Suisse s'inscrit encore en baisse de 8% par rapport au mois de juin 2022, avec 7412 personnes inscrits en moins.

"La Suisse est confrontée à une pénurie sans précédent de personnel qualifié", a expliqué Denis Machuel, le directeur général d'Adecco, lors d'un récent entretien avec l'AFP.

Selon lui, cette pénurie s'explique entre autres par un facteur démographique, avec l'arrivée à la retraite de la génération du baby-boom.

Nouveaux choix de carrière

S'y ajoute un phénomène qui avait "commencé avant le Covid-19", mais qui "a été accéléré par la pandémie", à savoir qu'une partie des travailleurs ré-évaluent leur choix de carrière par rapport à l'équilibre de leur vie personnelle.

"Nous voyons beaucoup de gens repenser leurs revenus par rapport à leur qualité de vie. C'est particulièrement vrai dans le secteur de l'hôtellerie ainsi que de la santé et des hôpitaux", a-t-il ajouté.

"La troisième raison est la pénurie de compétences", poursuit le patron d'Adecco. "C'est que nous voyons en Suisse mais aussi dans le reste du monde", précise-t-il.

Selon un indice de l'emploi publié mardi par Adecco, le marché du travail en Suisse semble actuellement se stabiliser à un niveau élevé. Réalisé avec l'Université de Zurich, cet indice qui compile les offres publiées en Suisse a stagné pour le deuxième trimestre d'affilée après une phase de très forte hausse depuis début 2021.

D'après cet indice, la demande reste forte pour les professionnels du bâtiment, le nombre de postes vacants dans ces métiers ayant encore augmenté de 20% par rapport au premier semestre 2022. La demande reste également ferme pour les machinistes, employés d'entrepôts, commis de cuisine, polymécaniciens, fraiseurs ou horlogers.

L'emploi soutient la consommation

En revanche, les offres d'emploi publiées ont diminué de manière "inattendue" dans les professions universitaires et informatiques, selon cet indice, diminuant de 20% par rapport au premier semestre 2022 au détriment en particulier des développeurs et analystes de logiciels.

Selon un baromètre publié en juin par son concurrent américain Manpower, les perspectives d'emplois en Suisse se sont quelque peu tassées pour le troisième trimestre. Si les entreprises suisses font désormais preuve d'une certaine prudence dans les recrutements, "la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée reste un défi majeur", a déclaré Jan Jacob, le directeur des activités suisses de Manpower, dans un communiqué.

Mi-juin, le ministère suisse de l'Economie a maintenu sa prévision pour le chômage à 2% pour 2023. La prévision est aussi inchangée pour le produit intérieur brut, avec une progression attendue de 1,1%, la bonne tenue du marché du travail contribuant à soutenir la consommation.

OC avec AFP