Emploi: les cadres sont de moins en moins attirés par la démission

La page de la "Grande démission" est-elle tournée? Chez les cadres, la prudence est de mise avec une économie française en net ralentissement à cause de l'inflation. Selon le dernier baromètre* de Cadremploi réalisé par l'Ifop, une majorité de cadres souhaite rester dans son entreprise (51% contre 47% lors de la précédente étude) tandis que 38% se déclarent ouverts aux opportunités et seulement 5% se disent en recherche active d’emploi.
"Cette prudence peut notamment s’expliquer par l’expression de fortes préoccupations quant à la baisse du pouvoir d’achat (81%), à la guerre en Ukraine (77%) et, dans une moindre mesure, à de possibles grèves ou manifestations en cas de réformes (56%)", peut-on lire.
Après le télétravail, l'aménagement des horaires
Néanmoins, les cadres font de plus en plus pression sur leurs organisations pour obtenir plus de souplesse dans leur emploi du temps. Ils plébiscitent même la semaine de 4 jours, sans perte de salaire (65%) ; un système qui reste très marginal au sein des entreprises pour le moment. Seulement 16% envisagent sa mise en place ou l’ont déjà déployé, selon l'étude.
Mais les cadres veulent aller plus loin avec l’adaptation des plages horaires attendue par 52% des répondants, (une mesure en place ou à l’étude dans 57% des cas) et le télétravail (cité par 49% des répondants et en place ou à l’étude dans 82% des cas).
"Favorisant de toute évidence l’autonomie et la flexibilité de leurs horaires et de leur lieu de travail, les cadres sont logiquement peu sensibles aux propositions des entreprises centrées sur l’espace "bureau" (smart office, coworking, flex office): elles sont citées par moins d’1 répondant sur 10" peut-on lire.
"Le travail ne bénéficie plus d’une place centrale autour de laquelle on organise sa vie quotidienne et ses projets. Nous sommes actuellement dans une logique inverse: le travail - et a fortiori l’employeur - doit s’adapter! Il semble par exemple que le télétravail soit désormais un acquis pour les cadres, ce n’est plus un atout pour rejoindre ou rester dans une entreprise. Ce qu’ils recherchent désormais? La liberté de choisir leur lieu de travail et de gérer leur temps comme ils souhaitent. Reste à savoir comment les entreprises vont pouvoir composer avec ces nouvelles exigences" commente Carole Ferté, Directrice des études de Cadremploi.
L'aspiration à déménager reste assez forte. Comme en mars dernier, 1 cadre sur 4 déclare avoir déménagé au cours des deux dernières années.
"En revanche, seulement 11% d’entre eux ont quitté une grande agglomération pour une petite ville ou la campagne, battant ainsi en brèche le fantasme d’un exode massif des cadres citadins" souligne l'étude.
Bordeaux, Nantes et Lyon attirent
Pour ceux qui envisagent de partir, Bordeaux, Paris, Lyon et Nantes sont cités pour y travailler et Bordeaux, Montpellier, Lyon et Nantes pour y vivre.
Parmi les grandes villes (plus de 100.000 habitants, hors métropoles et hors agglomération parisienne), le podium des villes où travailler est constitué d’Aix-en-Provence, Annecy, Nîmes et Tours, tandis que les villes où vivre sont Aix-en-Provence, Annecy, Perpignan et Tours.
La recherche d’un meilleur cadre de vie est de loin la principale raison citée pour déménager (54%) bien devant une opportunité professionnelle (28%). Dans le même temps, les craintes sont également nombreuses: 34% redoutent de ne pas trouver un emploi, et 26% de perdre en niveau de salaire. Enfin, 29% craignent de regretter leur choix.
* L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1002 cadres du privé, représentatif de la population cadre du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de secteur d’activité et de nature de l’employeur. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 6 au 18 juillet 2022.