Quand le patronat critique la rémunération de Carlos Ghosn

La rémunération totale de Carlos Ghosn chez Nissan et Renault devrait s'élever à 15 millions d'euros. - Fabrice Coffrini - AFP
Emmanuel Macron n'est pas le seul à critiquer la rémunération de Carlos Ghosn. Le Haut comité de gouvernement d'entreprise (HCGE), en charge du code de bonne gouvernance Afep-Medef, tacle férocement Renault quant à l'établissement du mode de rémunération de son dirigeant Carlos Ghosn dans un courrier au vitriol mis en ligne jeudi par le journal Les Échos.
Le 19 mai, le HCGE avait indiqué avoir transmis dans un courrier à Carlos Ghosn et au président du Comité des rémunérations de Renault, Patrick Thomas, "ses recommandations concernant la prise en compte du vote négatif des actionnaires" sur le salaire en 2015 du PDG.
Une fonction "à mi-temps" chez Renault?
Mais cette lettre est nettement plus sévère qu'indiqué à l'époque. Mettant en avant le principe "d'exhaustivité", le Haut comité s'interroge notamment sur "la situation très particulière constituée par le cumul de la rémunération attribuée (à Carlos Ghosn) par Renault et celle au titre de la présidence de Nissan", le constructeur japonais dirigé également par l'industriel.
"Ou bien Renault et Nissan sont effectivement deux grandes entreprises autonomes, et dans ce cas, il faudrait justifier soigneusement comment, en termes de disponibilité, la direction générale peut être exercée par une seule personne et écarter la critique de certains observateurs qui considèrent que la rémunération très élevée dans le cadre de Renault correspond à une fonction à 'mi-temps'", se demande le HCGE.
"Ou bien, compte tenu de la proportion des actifs et de la contribution aux résultats de Renault représentées par cette participation , la performance du dirigeant de Renault est indissociable de celle du président de Nissan et le conseil d'administration du premier doit raisonner sur l'ensemble des deux fonctions, en termes de rémunération et d'appréciation de la performance du dirigeant", poursuit-t-il
Tenir compte de l'opinion
"Dans ce cas en outre, les actionnaires de Renault devraient disposer d'informations détaillées sur la rémunération au titre de Nissan, et sur les mécanismes incitatifs qu'elle comporte, pour se prononcer en toute connaissance de cause", assure le HCGE.
Le Haut Comité souligne également que la rémunération des dirigeants mandataires sociaux doit aussi tenir compte "des réactions des autres parties prenantes de l'entreprise et de l'opinion en général", or "ce dernier objectif n'a pas été atteint".