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Petroplus : les dossiers de reprise rejetés, douche froide pour les salariés

Le site sera mis en cessation d'activité le 16 avril. D'ici là, les repreneurs intéressés peuvent refaire une proposition.

Le site sera mis en cessation d'activité le 16 avril. D'ici là, les repreneurs intéressés peuvent refaire une proposition. - -

Les cinq dossiers déposés pour la reprise du site Petroplus de Petit-Couronne n’ont pas été jugés suffisamment intéressants par la direction. L’activité doit cesser le 16 avril, mais d’ici là, Arnaud Montebourg invite les repreneurs à faire une nouvelle proposition. Sur place, les salariés commencent à ne plus y croire.

Après le 16 avril, ce sera trop tard. Sur le site Petroplus de Petit-couronne, les salariés ont appris mercredi qu'aucune des offres de reprise déposées mardi soir n'était recevable en l'état : au cours d'un comité d'entreprise, les administrateurs judiciaires ont indiqué que les dossiers ne pouvaient être présentés au tribunal de commerce.
La direction a donc annoncé qu'elle allait engager les procédures préalables à un plan de sauvegarde de l'emploi, puisque l'activité doit cesser le 16 avril sur la raffinerie. D’ici là, les cinq repreneurs potentiels qui ont déposé un dossier peuvent revoir leur copie et refaire leur offre. De son côté, Arnaud Montebourg le ministre du Redressement productif, qui s'était montré confiant mardi, a estimé que ce n'était pas à la direction de juger les offres et que seul le « tribunal de commerce jugerait du sérieux » de ces propositions, incitant les repreneurs à finaliser leurs dossiers d'ici 3 à 4 semaines. La société égyptienne Arabiyya Lel Istithmaraat affirme aussi qu'elle n'a pas jusqu'à présent déposé d'offre pour la reprise de la raffinerie, mais qu'elle étudie cette possibilité.

« On n’a pas fini la bataille »

Pascal, 34 ans chez Petroplus, est épuisé par ces revirements. « Le gouvernement s’engageait à nos côtés, et aujourd’hui, on nous dit « il n’y a aucun dossier crédible » ? Je suis déçu. Nous, on subit depuis maintenant un an, les douches froides, les montagnes russes. Il faut encaisser ».
Daniel, lui, a perdu tout espoir. « Les repreneurs sont venus avec du vent. On sent la fin comme inéluctable ». Mais pour le délégué CGT Jean-Luc Broutet, le délai accordé peut permettre de rabattre les cartes. « On n’a pas fini la bataille. On a demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités, et on veut que ce soit le ministre du Redressement productif qui prenne en main les dossiers des repreneurs ».

« Nous n’allons plus pouvoir maitriser les débordements »

Employé chez Petroplus depuis 35 ans, Denis Colange se sent « trahi par le gouvernement », alors qu’il était persuadé que certains des dossiers seraient validés. « Il nous a promis deux dossiers fiables, et aujourd’hui, grosse douche froide, il n’y a aucun repreneur valide. On nous dit que c’est bon le matin, le soir on dit que ce n’est pas bon, on s’est moqués de nous. Des amateurs, oui. Ils ne sont plus crédibles, c’est quand même la vie de 2000 personnes qui est en jeu, pas une action en bourse ou un claquement de doigts. La tension monte, les gens sont restés calmes pendant 14 mois, mais là je pense que les gens en ont ras-le-bol et le comportement va changer. Puisque nous sommes pris pour des couillons, nous allons agir comme tel. Nous n’allons plus pouvoir maitriser les débordements ».

« S’il y a un minimum d’espoir, il faut l’avoir »

David, 34 ans, technicien chez Petroplus, se dit, lui, « dépité. On y croyait tous, c’est une douche froide au niveau du gouvernement. On nous a promis tellement de choses, on nous a fait trop attendre, espérer, tourner en rond, et il n’y a rien qui vient, c’est tout. Donc on verra ce que ça va donner, on croise encore les doigts. On va continuer comme tous les jours, faire notre travail, rester debout. Il faut y croire jusqu’au bout, s’il y a un minimum d’espoir, il faut l’avoir ».

Mathias Chaillot avec Aurélia Manoli