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Emploi

Mise au "placard": environ 200.000 salariés concernés pour un coût de 10 milliards d'euros par an

200.000 salariés seraient "placardisés" selon l'Institut Montaigne

200.000 salariés seraient "placardisés" selon l'Institut Montaigne - Willis- 23P- Flickr- CC

D'après une note de l'Institut Montaigne, le phénomène de "mise au placard" dans les entreprises coûterait 10 milliards d'euros, chaque année, aux entreprises et à l'Assurance maladie.

C'est un secret de polichinelle en entreprise. Certains salariés, dont la présence n'est plus souhaitée, se font "mettre au placard" par leur employeur. Une technique qui vise à les pousser insidieusement vers la sortie, à défaut de pouvoir les licencier.

Concrètement, les employeurs vont progressivement vider leur poste de leur contenu et les assigner à des tâches quasi-inexistantes ou vides de sens. Ils les mettent également de côté en les excluant du collectif de travail et en ne leur fournissant plus aucun suivi hiérarchique. Une pratique illégale, qui peut être assimilée à du harcèlement moral, comme le soulignent Les Echos. C'est ce qui fait qu'elle reste largement taboue et si difficile à quantifier.

L'institut d'études Kantar pour l'Institut Montaigne a pourtant tenté de la mesurer. D'après une note du think tank et relayée ce lundi par le quotidien, environ 200.000 salariés seraient concernés en France. Tous les profils et tous les secteurs semblent être touchés. Les femmes, en revanche, apparaissent un peu plus souvent victimes de cette pratique.

Un coût qui va au-delà du maintien de l'emploi

En général, les employeurs n'ont pas la possibilité de licencier les salariés concernés ou anticipent un "coût de licenciement" supérieur à celui de son maintien dans l'entreprise. Pourtant, ce phénomène a un véritable coût pour l'entreprise qui ne se limite pas au maintien de l'emploi des salariés "placardisés".

Estimé à 10 milliards d'euros par an, il intègre, en premier lieu, les salaires versés aux travailleurs pour des tâches quasi-inexistantes.

Mais cette pratique a aussi un coût indirect. En effet, elle n'est pas sans conséquences pour la santé des salariés concernés, ce qui peut les pousser à prendre des arrêts de travail à répétition. Un surcoût pour l'Assurance maladie qui est également intégré au calcul de l'Institut Montaigne.

Pour lutter contre ce phénomène, le think tank propose notamment de lancer une campagne de sensibilisation auprès des entreprises, des syndicats et des DRH pour "faire la lumière" sur ces conséquences délétères. La médecine du travail pourrait également concentrer une partie de son travail de prévention sur ces situations.

Nina Le Clerre