Minard : Bernard Tapie "n’aime pas trop la presse"

Bernard Tapie a rencontré la direction de La Provence, jeudi 20 décembre 2012 à Marseille. - -
Bernard Tapie, homme d’affaires controversé, vient de mettre quelque 50 millions d’euros sur la table pour racheter le groupe Hersant, qui comprend notamment les titres La Provence et Nice Matin.
Retenu mercredi par les banques créancières du groupe, il s’est rendu dès jeudi au siège de Nice-Matin, puis à celui de La Provence à Marseille, dont il a rencontré les directions en compagnie de Philippe Hersant.
"Il nous a expliqué avec ses mots, sa passion, son envie et son amour de Marseille. Il nous a dit avec humour qu'il ne connaissait pas trop la presse, qu'il n'aimait pas forcément ça, mais qu'il était content d'être à Marseille", a relaté Philippe Minard, directeur des rédactions de La Provence, après la rencontre.
"Une charte d'attitude" des journalistes
Au programme notamment, "une charte d'attitude" des journalistes, qui s'assurera, "de l'extérieur", qu'ils s'intéressent "aux faits et rien qu'aux faits". En prévision de l'arrivée d'un repreneur, une Société des journalistes nouvellement créée à La Provence avait déjà rédigé une charte qui sera soumise au nouvel actionnaire.
Au sein de la rédaction de La Provence, dont certains membres ont eu maille à partir avec l'ancien président de l'OM dans les années 90, on évoquait jeudi matin une "grosse inquiétude", qui ne s'est pas dissipée après la venue de Bernard Tapie.
"On a une impression de flou terrible", a ainsi souligné Serge Mercier, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), tandis que le SNJ-CGT et la CFDT, au niveau national, ont réclamé des explications au gouvernement.
Une clause de cession ?
"C'est clair que des confrères vont faire valoir la clause de cession", a estimé un journaliste de La Provence, un autre prédisant "l'enfer" si Tapie devait se présenter aux municipales de 2014 à Marseille, ce que l'intéressé a "démenti catégoriquement" à la direction de La Provence.
Dans une lettre adressée au conciliateur de la reprise de GHM, révélée par Libération jeudi, l'homme d'affaires indique s'être engagé en ce sens auprès de Philippe Hersant, ou, en cas de candidature, à céder ses parts au profit d'une association caritative.
A Marseille, l'ancien ministre de la Ville (1992-1993), élu député en 1989 sous les couleurs de la gauche, est attendu de pied ferme par la classe politique. Pour le député PS Patrick Mennucci, l'un des prétendants déclarés à la mairie, "Tapie ne cache plus sa stratégie : reprendre pied à Marseille et se replacer au centre du jeu, puis en profiter pour se lancer dans des manœuvres électorales".
Pour le maire UMP Jean-Claude Gaudin, qui pourrait briguer un quatrième mandat, l'arrivée de Bernard Tapie à GHM est "une bonne chose pour la liberté de la presse". Pour le reste, "en politique, quand on dit jamais, ça veut dire pas pour l'instant, alors je m'attends à tout", a ajouté l'élu.