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Les télétravailleurs craignent pour leur carrière

Une étude de LinkedIn met en avant "le biais de proximité" qui consisterait à privilégier l'avancement d'un collaborateur en présentiel plutôt que celui d'un salarié en télétravail, à compétences égales.

Si le télétravail est aujourd'hui largement plébiscité par les salariés, la culture du présentiel reste forte du côté des managers. Du coup, certains télétravailleurs s'interrogent: moins venir au bureau pourrait-il freiner leur carrière?

Le télétravail entraîne-t-il un "biais de proximité" qui consisterait à privilégier l'avancement d'un collaborateur en présentiel plutôt que celui d'un salarié plus souvent en télétravail, à compétences égales?

Une étude* du réseau social professionnel LinkedIn semble en tout cas confirmer cette crainte. Ainsi, 35% des salariés interrogés pensent que le travail à domicile est encore mal perçu, et 4 sur 10 qu'il aura un impact sur leur carrière. 85% d'entre eux estiment que cet impact sera négatif. 

Craintes justifiées?

Conséquence, 52% des salariés pensent que les personnes qui choisissent de travailler depuis leur bureau, régulièrement vues sur le lieu de travail, ont plus de chances d'être favorisées par leur patron.

Une proportion similaire de salariés qui pensent que le télétravail aura un impact sur leur progression de carrière craignent que le temps passé hors du bureau ne freine leur progression en raison de la diminution du temps passé en présentiel avec leurs patrons. D'ailleurs, 33% des patrons redoutent l'apparition de ce biais de proximité.

Difficile de dire si cette crainte est justifiée ou pas. En tout cas, l'intégration du télétravail est aujourd'hui un acquis chez les dirigeants et les recruteurs. 83% des entreprises françaises prévoient en effet d'offrir à leurs employés une plus grande flexibilité quant à leur lieu de travail et 6,3% des offres d’emploi postées en septembre sur LinkedIn évoquent la question du télétravail, c’est 12,2 fois plus qu’en février 2020, avant la crise sanitaire.

Ne pas succomber au présentéisme

"Il ne fait aucun doute qu’une plus grande flexibilité sur le choix du lieu de travail est bénéfique tant pour les entreprises que les personnes. Mais toutes deux n’en profiteront que si les politiques relatives au lieu de travail sont conçues de manière à ce que chacun se sente inclus, quel que soit l’endroit", résume Fabienne Arata, Country Manager de LinkedIn France.

"Nous risquons d'effacer tous les grands progrès réalisés au cours des 19 derniers mois si les professionnels ont l'impression qu'ils doivent être au bureau pour progresser dans leur carrière. Nous ne devons pas succomber au présentéisme. Pour que ce nouveau monde du travail fonctionne vraiment pour tout le monde, les dirigeants doivent réévaluer les possibilités d'apprentissage et de développement, les évaluations de performance et les perspectives de carrière à travers un prisme, qui place la personne au centre, et non le lieu", poursuit Fabienne Arata.

Un tiers des dirigeants interrogés par le réseau social assurent d'ailleurs qu'ils mettront en place des protocoles pour éviter le biais de proximité et 87% disent vouloir introduire des formations pour aider les collaborateurs à travailler efficacement dans des environnements de travail flexibles.

* LinkedIn a chargé YouGov d'interroger 266 cadres de niveau C en France - d'organisations comptant plus de 1000 employés et réalisant un chiffre d'affaires annuel de plus de 215 millions d’euros - du 4 au 24 août 2021. L'enquête a été menée en ligne. Des recherches supplémentaires de Censuswide ont été citées à partir d'une enquête menée auprès de 1028 personnes en France afin de comprendre comment elles envisagent l'avenir du travail. L'enquête a été menée en ligne du 17 au 19 août 2021.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business