Etats-Unis: fort ralentissement des créations d'emplois en août

Drapeau USA (Photo d'illustration) - Brendan Smialowski / AFP
La surchauffe du marché du travail aux Etats-Unis semble se calmer. Selon les chiffres du gouvernement, les créations d'emplois en août ont fortement ralenti à 315.000 contre 526.000 en juillet (chiffre légèrement révisé à la baisse).
Dans le même temps, le taux de chômage est reparti à la hausse à 3,7% alors que le consensus le donnait à 3,5% comme un mois plus tôt, soit son niveau pré-pandémique.
C'est un signal paradoxalement positif car la lutte contre l'inflation passe par un ralentissement économique, même si le marché du travail reste très tendu.
Le président Joe Biden a salué une "excellente nouvelle", mettant en avant dans un tweet un marché de l'emploi qui "demeure solide", et le fait qu"encore plus d'Américains reviennent au travail".
Signal paradoxalement positif
Ni le ralentissement économique, ni les craintes de récession, ni même les mesures prises par la Banque centrale américaine (Fed) pour enrayer la demande et ainsi juguler l'inflation, n'avaient jusqu'à présent eu raison de la santé de fer du marché de l'emploi.
Il avait même montré en juillet un dynamisme inattendu, retrouvant pour la première fois les 22 millions d'emplois qui avaient été détruits à cause du Covid-19. Et il y avait plus de 11 millions de postes vacants, soit deux pour chaque demandeur d'emploi.
Le Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est contracté sur les deux premiers trimestres de 2022, ce qui correspond à la définition classique de la récession. Et si la première économie du monde ne semble cette fois pas entrer dans cette case, c'est notamment en raison de la bonne forme de son marché du travail.
La lutte contre la forte inflation, pourtant, passera par un ralentissement de l'emploi, et même sans doute par une hausse du taux de chômage.
Jerome Powell, le patron de la Fed, l'a martelé la semaine dernière à la conférence de Jackson Hole: revenir à la stabilité des prix entraînera "une longue période de croissance plus faible" ainsi qu'"un ralentissement du marché du travail".
D'autant que les entreprises sont confrontées depuis plus d'un an à une pénurie de main-d'oeuvre, et, pour recruter, offrent des hausses de salaires, ce qui contribue à faire grimper les prix.
8,5% d'inflation
La Fed relève progressivement ses taux directeurs, afin de rendre le crédit plus onéreux pour les particuliers et les entreprises, et ainsi ralentir la consommation, et donc la pression sur les prix.
Elle relèvera de nouveau ses taux lors de sa prochaine réunion, les 20 et 21 septembre.
"Les responsables de la Fed salueront probablement un rythme plus lent de l'embauche et une augmentation de l'offre de main-d'oeuvre comme de petites étapes vers un marché de l'emploi moins tendu", anticipe Nancy Vanden Houten.
Cependant, estime-t-elle, "les tensions persistantes (...) et la croissance toujours robuste des salaires" pourraient pousser la Fed à relever de nouveau ses taux fortement, de trois quarts de points, comme en juin et en juillet.
Les membres du comité monétaire, organe de décision de la Fed, regarderont également les chiffres de l'inflation en août, qui seront publiés le 13 septembre.
L'inflation, au plus haut depuis 40 ans, a cependant ralenti en juillet, à 8,5% sur un an, selon l'indice CPI.