Emploi : grève des 419 salariés de l'usine Electrolux de Revin

Siège social d'Electrolux, à Stockholm, en Suède - -
L'usine Electrolux de Revin (Ardennes) s'est mise lundi en grève « à 100% », après l'annonce par le groupe suédois de son intention de la céder ou de la fermer dans les deux ans. 419 personnes travaillent dans cette usine de lave-linge. Les salariés de l'entreprise ont d'ores et déjà prévu de se rendre mercredi à Senlis (Oise), siège du groupe pour la France, afin de manifester et faire entendre leur voix en marge d'un comité central d'entreprise extraordinaire.
« La stratégie du groupe, c'est quoi ? »
« C'est une surprise. On a présenté au groupe Electrolux un projet viable, qui permettait de faire perdurer notre entreprise et permettait à très court terme de gagner beaucoup d'argent », a indiqué Lysian Fagis, représentant de la CFDT à l'usine de Revin. Le projet en question consistait, selon lui, à fabriquer, pour le groupe Electrolux, des produits d'électroménager qui sont aujourd'hui vendus par le groupe mais qui ne sont pas fabriqués par lui. « Il y a dans le projet aussi des produits qui n'existent pas encore sur le marché », a ajouté le syndicaliste.
Le projet, rendu début septembre, n'a obtenu « que des louanges », a assuré le syndicaliste, ajoutant que la direction avait finalement signifié aux porteurs du projet que « ça ne rentre pas dans la stratégie du groupe ». « La stratégie du groupe, c'est quoi ? C'est comme partout, fabriquer dans les pays à bas coût et vendre dans les pays émergents », a déploré le représentant de la CFDT.
« Ils iront faire fabriquer leurs produits par les phoques ! »
« Ce qui se passe aujourd'hui, en France, en Europe, à un moment, ça ne pourra plus tenir. A un moment, tous ces pays émergents se réveilleront, je me demande où tous ces grands groupes iront. Il arrivera un moment où ils iront sur la banquise et ils iront faire fabriquer leurs produits par les phoques. Qu'ils se dépêchent, la banquise est déjà en train de fondre ! », a ajouté, désabusé, Lysian Fagis. Le syndicaliste a souligné que l'entreprise était viable et ses personnels « ultra-compétents ».
« Je suis un peu KO dans les cordes », a déclaré de son côté Alain Roy, le maire de Revin. « J'avais vu la direction du site vendredi dernier, on avait fait un tour de table. Il devait y avoir des décisions d'annoncées le 24, c'est-à-dire après-demain, mais on ne s'attendait pas à la décision annoncée aujourd'hui ». L'usine française de Revin se trouve dans la quatrième plus grande ville d'un département déjà durement touché par la désindustrialisation, et en est « l'acteur économique principal » selon le maire. Revin, bourg industriel de 7 400 habitants, a vu en 2011 la fermeture de l'usine de sanitaires Porcher (groupe Ideal Standard), qui employait 146 personnes. « Maintenant on n'a plus rien. Notre plus grosse "usine" est une fonderie qui emploie 40 personnes », a souligné Alain Roy.