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Des salaires minimums sous le Smic: les coiffeurs en colère

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Dans la coiffure, les quatre premiers échelons de la grille salariale sont désormais sous le Smic. Mais depuis 2019, patronats et syndicats n'arrivent pas à se mettre d'accord pour la revaloriser.

Dans le secteur de la coiffure, le dialogue est rompu entre syndicats et patronats. La grille salariale n'a pas été revue depuis 2019 alors que le Smic, lui, a été revalorisé à plusieurs reprises. A tel point que les quatre premiers échelons de la grille des salaires minimums se situent désormais sous le Smic, fixé depuis le 1er janvier à 1603,12 euros brut mensuel pour 35 heures.

Le secteur est dans le viseur du ministère du Travail. "Des minima de branche inférieurs au Smic, ça n'est pas normal", insistait en septembre la ministre Elisabeth Borne.

"Depuis 2019, le sujet des salaires est régulièrement remis sur la table. La négociation existe, mais elle n'aboutit pas", précise Christophe Doré, président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec).

Selon la grille actuelle, un coiffeur débutant (niveau 1, échelon 1) est payé au minimum 1554,42 euros brut par mois. Un tarif qui n'est bien sûr plus appliqué, puisqu'il est interdit de payer un salarié majeur sous le Smic. Pour ce premier échelon, le patronat a suggéré une revalorisation à 0,2% au-dessus du Smic. Une proposition "inacceptable" pour les syndicats, qui ont suspendu les négociations en cours.

"Ca me semble normal qu’une grille de salaires commence au Smic, rétorque Christophe Doré de l'Unec. Surtout que très peu de gens sont au premier échelon. Ce sont ceux qui entrent dans la profession sans diplôme ou sans équivalence."

"Ce n'est pas normal"

La majorité des salariés sont "coiffeur qualifié", correspondant au niveau 2 de la grille salariale. "Leur salaire est désormais au niveau du Smic. Ce n'est pas normal. Je le déplore car ils ont un diplôme et des compétences", poursuit le président de l'organisation patronale.

La revalorisation des salaires est l'une des solutions pour attirer de nouveaux candidats. L'hôtellerie-restauration, qui fait face à une pénurie de main d'oeuvre, a signé un accord en ce sens le 5 janvier. Dans la coiffure, 10.000 postes sont aujourd'hui vacants.

"En 2013, les aides à la formation ont beaucoup diminué et de nombreux chefs d'entreprises ont pris moins d'apprentis. Etant donné qu'il faut entre 5 et 7 ans pour former un jeune, on subit maintenant les conséquences des décisions politiques de l'époque. Mais on est dans le creux de la vague, ça va repartir car il y a eu un nouvel élan sur la formation ces dernières années", explique Christophe Doré.

Le montant des salaires, les horaires à rallonge avec travail obligatoire le samedi, la plus grosse journée de la semaine, ainsi que la pénibilité du métier expliquent aussi le désamour de la profession. Par ailleurs, la crise sanitaire a poussé de nombreux coiffeurs salariés à démissionner pour se mettre à leur compte, avec des avantages certains à la clé: plus de liberté sur les horaires et tarifs libres.

Patronats et syndicats se réuniront à nouveau le 27 février pour tenter de se mettre d'accord sur une nouvelle grille de salaires.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech