Députés : une retraite comme tout le monde ?

Réformer le régime de retraites des députés permettrait de prouver que tout le monde fait des efforts, y compris les élus, estiment les partisans d'une refonte du système. - -
En plein débat sur la transparence, dix députés appellent à l'abolition de leurs privilèges. De droite, de gauche ou écologistes, chacun appelle, individuellement, à réformer leur statut et leurs avantages dans Le Nouvel Observateur de ce jeudi. Et les socialistes Olivier Faure, Jérôme Guedj, Razzy Hammadi, Barbara Romagnan et Karine Berger, les écologistes François de Rugy et Barbara Pompili, ainsi que les UMP Laurent Wauquiez, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin proposent parfois des mesures radicales : abolition du régime spécial des retraites des parlementaires, publication de l'utilisation de réserve parlementaire ou encore mandat unique.
Un système toujours très avantageux
En 2010, l'Assemblée nationale comme le Sénat avaient déjà procédé à une réforme de leur régime de retraite. Ils ont été rapprochés du droit commun pour le relèvement progressif à 62 ans de l'âge minimum pour percevoir la pension, le nombre d'annuités requises et le taux de cotisation. En revanche, même si le système de la double cotisation a été supprimé, il reste avantageux et les députés cotisent toujours plus vite (jusqu'à 1,5 fois). Dans les deux cas, en un seul mandat, les parlementaires touchent plus que la moyenne des Français en une carrière complète et aujourd'hui, la pension moyenne d'un député est de 2 700 euros par mois, contre 4 400 euros pour un sénateur.
« Question d’exemplarité »
Pour Laurent Wauquiez, la solution est donc simple : supprimer purement et simplement ce régime. « C’est juste avoir le même régime que tout le monde ». Le vice-président de l’UMP considère qu’on « ne peut pas continuer à avoir des politiques qui ne montrent pas l’exemple eux-mêmes ». Et s’il veut réformer, le député de Haute-Loire doit montrer l’exemple. « Je pense qu’il faut une réforme des régimes de retraite. Je préconise la suppression des régimes spéciaux de la SNCF et d’EDF, donc je commence par l’appliquer pour les parlementaires, c’est juste une question d’exemplarité. Comment voulez-vous faire confiance à un élu qui explique qu’il faut réformer les régimes de tout le monde, sauf le sien ? Ça n’a aucune crédibilité ».
« Complètement imbécile ! »
Mais l'initiative n'est pas du goût de tous. Les députés rebelles ont été l'objet de violentes attaques de la part de certains de leurs collègues. Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, s'est dit hostile à la plupart des propositions. De l'autre côté de l'hémicycle aussi : pour Annick Lepetit, porte-parole du groupe PS, « les signataires cherchent à faire parler d'eux ».
Le député UMP des Yvelines Jacques Myard , lui, n’y voit que du populisme. Sur RMC, il se montre virulent pour défendre son statut particulier. « La retraite des députés a été une grande conquête démocratique. Si le député se retrouve sans rien à la sortie alors qu’il est payé comme un cadre moyen supérieur par rapport au privé, que va-t-il faire ? Il va aller demander au CCAS de sa ville une aide sociale ? C’est complètement imbécile ! » Pour lui, « la démocratie a un coût. Si vous perdez votre mandat, vous êtes le bec dans l’eau. Quand on voit ces crétins dire que vous allez supprimer ces privilèges, ils devraient y regarder à deux fois, se rembarrer, et alors faire autre chose ».
« Démontrer que nos élus sont honnêtes »
Karine Berger fait partie de ces « crétins » que dénonce Jacques Myard. L'élue PS est des dix députés à s’être prononcés pour des réformes profondes des avantages des députés. Invitée sur RMC ce jeudi matin, elle répond à son confrère. « C’est une personne vulgaire, grossière, et misogyne. Mais le problème n’est pas là, la question n’est pas de supprimer notre retraite, mais la réformer ». Pour l’élue, « il faut que tout le monde, y compris les députés, fassent des efforts à l’occasion de la réforme des retraites », question d’exemplarité. « Les gens m’en parlent non-stop », remarque-t-elle, « Il faut démontrer, aujourd’hui plus que jamais, que nos élus sont honnêtes ».