Comment bien manager des personnes plus âgées que soi?

Gabriel Attal a officiellement pris ses fonctions à Matignon le mardi 9 janvier. A 34 ans, il devient ainsi le plus jeune Premier ministre de l'histoire, faisant de son âge une caractéristique largement commentée depuis ce mardi. Avec cette nomination, c'est en effet la question de l'expérience et de la légitimité qui se pose, au sein du gouvernement, mais aussi plus largement au sein de l'entreprise. Alors, comment être un chef crédible lorsque l'on est plus jeune que ceux et celles que l'on doit manager?
Pour Marc Landré, associé chez le cabinet de management Sia Partners et expert de l'émission "Avec vous" sur BFM business, Gabriel Attal tirera avant tout sa légitimité "de ce qu'il a fait avant" et de son bilan en politique. Mais il devra toutefois réussir à imposer son leadership parmi des ministres qui étaient encore il y a quelques jours ses pairs et qui sont tous plus âgés que lui.
Une situation qui n’arrive pas seulement dans les plus hautes sphères du pouvoir. En entreprise, la jeunesse est de plus en plus perçue comme un atout pour ceux qui l'incarnent. "L’énergie, l’audace et l’innovation", sont les principales qualités recherchées chez de jeunes managers, estime Marie-Liesse Morgaut, directrice générale de Nexmove.
Syndrome de l’imposteur
Pour autant, il n’est pas toujours simple de briguer un poste à responsabilité, un pied à peine dans la trentaine. "Le premier écueil que l’on peut rencontrer dans cette situation est le syndrome de l’imposture", prévient-elle.
Le syndrome de l'imposture, aussi appelé syndrome de l'imposteur est caractérisé par le fait "de ne pas croire en ses propres compétences, d'attribuer ses réussites à des facteurs externes plutôt qu'à ses propres mérites, et par la peur d'être démasqué comme si on était pas à sa place", expliquait la coach et conférencière Kaouthar Trojette sur BFM Business, en octobre dernier.
Pour tenter de le gérer, Marie-Liesse Morgaut conseille aux jeunes responsables de se demander en premier lieu pourquoi ils ont été choisis pour occuper ce poste.
"Je propose cet exercice en coaching afin d’amener la personne à identifier ses points de forces, ses ressources et aussi sa signature en tant que manager", explique-t-elle.
Ne pas en faire trop et déléguer
Le but étant de dépasser cette croyance selon laquelle on ne serait pas à la hauteur. La persistance de cette idée dans l’esprit d’un manager comporte deux risques pour la suite : "qu’il en fasse trop ou a contrario pas assez, en étant paralysé".
Car si l’énergie est un des atouts que l’on attribue aux jeunes managers, elle peut aussi représenter un frein lorsque celui-ci en fait finalement trop.
"Le fait de trouver le bon niveau de délégation est plus important encore, lorsqu’on manage des personnes qui ont été des pairs ou des supérieurs", souligne Marie-Liesse Morgaut.
Au contraire, "la force d’un manager est justement de pouvoir s’appuyer sur l’expérience des autres", insiste-t-elle. Pour un jeune dirigeant, il peut être intéressant de se demander ce que les personnes qu’il manage peuvent lui apporter. En particulier, lorsque celles-ci ont des années d'expérience derrière elles.
Ne pas changer sa manière de parler ou de s’habiller
"Elles ont connu différents cycles, différentes crises… Une expérience qui peut l’aider à prendre du recul et des décisions avec discernement", développe la spécialiste.
Et pour asseoir son autorité face à des personnes plus âgées que soi, pas besoin de changer son style vestimentaire ou sa manière de parler. Marie-Liesse Morgaut rappelle l’importance d’être soi-même, de ne pas changer son timbre de voix, ni sa relation aux autres. Que se soucier de son image fasse partie des éléments de réassurance, pourquoi pas, mais il faut avant tout rester soi-même.
Le fait de se montrer plus dur ne permet pas non plus d’apparaître plus crédible. "'Je ne crie pas pour m’imposer mais je sais m’imposer': c’est un balancier à trouver entre une capacité d’écoute et le pouvoir de dire", ajoute la coach. "Finalement, c’est l’assertivité qui permet l’autorité", résume-t-elle.