Cadres: majoritairement satisfaits par leur direction, 58% sont pourtant tentés par la démission

Les cadres dirigeants et les managers de haut niveau qui se disent satisfaits de leur N+1 et de leur direction, sont pourtant plus d'un sur deux à envisager la démission. - Willis- 23P- Flickr- CC
Bientôt, la grande démission des cadres? Selon une étude de l'Ifop pour le cabinet de conseil en RH Arthur Hunt et l'agence Bona fidé, 58% des cadres dirigeants et des managers de haut niveau se disent "tentés" par le fait de démissionner. Ils sont 40% à déclarer être intéressés par l'entrepreneuriat ou une activité en freelance.
Ces cadres et ces managers de haut niveau ne montrent pourtant pas, dans leur grande majorité, de signes d'insatisfaction ou de ras-le bol vis-à-vis de leur employeur. Ils sont 76% à déclarer être "investis et engagés" dans la transformation de leur entreprise.
Ils sont aussi 87% (96% des cadres dirigeants et 80% des managers) à se dire "satisfaits" de leurs relations avec leur N+1 et jugent qu’ils disposent des qualités requises dans sa fonction. Enfin, 84% des dirigeants et des managers ont une bonne image de la direction de leur entreprise.
Une modification structurelle du rapport au travail?
Si ces envies d'ailleurs ne viennent pas d'un malaise des cadres et des dirigeants, quelle est leur origine? Pour les auteurs de l'étude, la réponse est davantage à chercher du côté d'"une modification plus profonde et plus structurelle du rapport au travail, avec des attentes grandissantes en matière de sens de son poste, d’éthique et de responsabilité générale de l’entreprise".
Pour autant, il n'est pas question d'une grande démission des cadres français. Il y a en effet souvent un pas entre la volonté de démission et le passage à l'acte. Une différence significative mise en lumière par le baromètre de l'assurance santé Alan avec Harris interactive, portant sur l'ensemble des salariés. D'après ces travaux, 44% d'entre eux pensaient ainsi à démissionner alors qu'ils étaient seulement 18% à affirmer qu'ils allaient effectivement le faire.
Sans compter que la situation économique actuelle pourrait bien jouer le rôle de frein supplémentaire. Interrogé sur BFM Business, le CEO et co-fondateur d'Alan, Jean-Charles Samuelian-Werve estimait que cet "effet ciseau" s'expliquait notamment par "la peur de l'inflation et la guerre en Ukraine".
Un marché du travail dynamique
Par ailleurs, les caractéristiques de cette tendance à la hausse des démissions ne s'accompagnent pas, dans la majorité des cas, d'un éloignement durable du marché du travail. D'après une étude de la Dares parue le 19 août, 510.000 démissions, dont 470.000 concernant des personnes en CDI, ont été enregistrées au premier trimestre 2022, un niveau record depuis plus de quinze ans.
Selon le co-auteur de cette étude, Michaël Orand, cette hausse du nombre de démissions s'explique principalement par le dynamisme actuel du marché du travail. "Le taux de chômage étant en baisse, les employeurs qui recrutent doivent naturellement se tourner davantage vers des personnes déjà en poste", avait-il expliqué sur l'antenne de BFM Business.
Dans le même temps, le taux d'emploi n'a jamais été aussi haut en France et atteint 70%, soulignait aussi Michaël Orand. Huit personnes sur 10 ayant démissionné ont retrouvé un emploi six mois après.
L'étude de l'Ifop pour le cabinet de conseil en RH Arthur Hunt et l'agence Bona fidé a été menée auprès de 200 cadres dirigeants et de 300 managers encadrants d'entreprises de plus de 50 salariés. Les réponses ont été collectées du 30 août au 14 septembre 2022.