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Aulnay : l'usine PSA fermée alors que des salariés sont en grève

La direction parle d’un problème technique, mais les syndicats croient à un coup de pression pour briser le mouvement de grève.

La direction parle d’un problème technique, mais les syndicats croient à un coup de pression pour briser le mouvement de grève. - -

L’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-Sous-Bois est fermée ce lundi matin, officiellement en raison d’une avarie technique. Les syndicats estiment que la direction veut désorganiser un mouvement de grève.

Mais pourquoi l'usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, est-elle restée porte close ce lundi matin ? Syndicats et direction ont deux versions bien différentes. La direction évoque une avarie électrique et les effets de la neige qui interdit la circulation de camions. La CGT l'accuse de vouloir « désorganiser » une grève entamée la semaine dernière.
La production du site, qui emploie 3 000 personnes et doit fermer en 2014 dans le cadre d'un vaste plan de restructuration, est interrompue en raison d'un « problème technique sur une installation électrique à la peinture, problème qui implique un changement de pièce », a déclaré une porte-parole de la direction à l'AFP. « Il faut qu'on voie avec le fournisseur quand il peut fournir une pièce de rechange, en attendant l'ensemble de la peinture ne peut pas tourner ce qui bloque tout le site », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, en raison d'un arrêté préfectoral interdisant depuis vendredi aux poids-lourds de circuler, la production aurait de toute façon été arrêtée, a-t-elle affirmé, jugeant « peu probable » que l'usine puisse tourner mardi en raison des conditions météorologiques. « Ça n'a rien à voir avec la grève », a assuré cette porte-parole du groupe PSA Peugeot-Citroën, qui avait indiqué vendredi que les salariés seraient payés.

« Les salariés ont démarré une bataille »

Mais les salariés, eux, soupçonnent leurs patrons de leur cacher quelque chose. Le délégué CGT Jean-Pierre Mercier a dénoncé « des méthodes où on revient 30 ans en arrière, des vieilles méthodes datant de l'époque de Citroën, dans les années 80 où on interdit l'accès à l'usine (...) C'est le vrai visage de la direction sur le dialogue social, à savoir le blocage et le rapport de force », selon lui. « La direction se trompe si elle pense désorganiser et isoler la grève en fermant l'usine plusieurs jours. Les salariés ont démarré une bataille et sont déterminés à la poursuivre », affirme-t-il par ailleurs dans un communiqué. L'usine était en effet paralysée depuis mercredi par une grève à l'appel de la CGT.
Des salariés grévistes ont commencé à se réunir lundi matin devant le site, où la direction a décidé de déployer des vigiles d'une société privée. Selon Jean-Pierre Mercier, ils interdisaient l'accès à l'immense parking de l'usine, ce que la direction nie, rappelant que les quelque 200 personnes ayant un mandat syndical étaient libres de circuler.

Une délégation attendue au ministère du Redressement productif

« On a pris vendredi soir la décision d'augmenter la présence de vigiles », explique la direction après l’introduction vendredi matin de près de 170 grévistes dans l'enceinte d'une autre usine du groupe à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Le groupe dénonce « un comportement inadmissible » de la part d'une « petite poignée de grévistes » ce jour-là, notamment des jets d'œufs, de pierre et « des injures ». Une délégation de la CGT doit être reçue lundi matin au ministère du Redressement productif, un rendez-vous prévu de longue date, et des grévistes doivent être reçus par le préfet de la Seine-Saint-Denis en fin de journée, à Bobigny.

Mathias Chaillot avec AFP