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Elle fraude le chômage partiel et s'offre pour 15.000 euros de soins esthétiques et une voiture

Image d'illustration - Les salariés placés en chômage partiel pourront compenser la perte de rémunération

Image d'illustration - Les salariés placés en chômage partiel pourront compenser la perte de rémunération - Philippe Huguen - AFP

Petits escrocs, patrons malhonnêtes, grand banditisme... Quels sont les profils des fraudeurs au chômage partiel?

Qui sont les fraudeurs au chômage partiel? Si la fraude n'a constitué qu'une infime partie des sommes versés par l'Etat (0,75% des 30 milliards déjà engagées), les services de police dressent des profils variés de fraudeurs. Groupes criminels organisés, petits patrons malhonnêtes endettés avant la crise ou encore petits escrocs qui ont tenté de profiter de ce généreux système pour toucher le pactole.

C'est ce que décrit Cécile Moral, cheffe de la brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) à la police judiciaire de Paris qui enquête sur ces fraudes dans Le Parisien. "Le plus souvent, il s'agit d'entreprises qui vivotaient avant la crise. Elles avaient accumulé des dettes et ont essayé de profiter de cette opportunité pour se renflouer", assure-t-elle.

Mais certaines histoires sont tout de même croustillantes et montrent la facilité avec laquelle on pouvait accéder à ces sommes lors du premier confinement. La policière raconte ainsi le cas d'une quadragénaire qui possédait un salon esthétique qui n'avait pas vraiment d'activité et qui a touché 215.000 euros au titre du chômage partiel alors qu'elle n'avait aucun salarié.

"Elle y travaillait seule mais a déclaré une cinquantaine de salariés fictifs, décrit la plocière. Au total cette femme a perçu environ 215 000 euros d'aides."

Des sommes qu'elle n'a pas hésité à dépenser en partie pour se faire plaisir.

"Elle s'est offert pour environ 15.000 euros de soins esthétiques pour elle même, a acheté une voiture neuve à 35.000 euros, a financé les études de ses enfants et a mis de l'argent de côté", explique Cécile Moral.

Elle s'est notamment offert des opérations de chirurgie esthétique aux fesses et à la poitrine.

Inconnue des services de police, l'esthéticienne a été confondu par sa banque qui a signalé à Tracfin des virements suspects sur les comptes de cette société sans activité. L'affaire doit être jugée en mars prochain.

Des groupes criminels internationaux

S'il s'agit là d'une escroquerie assez simple, d'autres en revanche ont été de très grande envergure. Ainsi des groupes criminels organisés auraient tenté de détourner pas moins de 182 millions d'euros, dont 128 millions ont pu être sauvés in extremis, raconte Le Parisien. Mais 53 millions d'euros ont bien été détournés.

Ce groupe de malfaiteurs aurait usurpé l'identité de 7000 entreprises françaises en récupérant les noms de gérants et numéro de Siret sur les sites spécialisés pour faire des demandes de chômage partiel en leur nom. Sauf que c'est leur propre RIB qu'ils fournissaient à l'administration.

Après la mise en place de contrôles plus poussés, les fraudeurs ont tenté un ouvelle méthode: faire virer l'argent du chômage partiel sur le compte de véritables sociétés puis d'appeler ces dernières en se faisant passer pour l'Agence de services et de paiement (organisme en charge d'indemniser les entreprises) afin de réclamer ces sommes perçues en plaidant une erreur. Les sommes partent en ensuite de comptes bancaires en comptes bancaires jusqu'en Chine ou Singapour où ils finissent par s'évaporer.

Des escroqueries derrière lesquelles se cacherait seulement une poignée de groupes criminels, principalement franco-israéliens et dont les méthodes rappellent celles employées pour les fraudes à la taxe carbone ou à la TVA.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco